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29 mars 2021

Merci, président et membres du Comité, de me donner l'occasion de vous parler aujourd'hui du projet de loi 254 au nom de l'Association canadienne des libertés civiles. Je sais qu'il y a beaucoup de choses que fait ce projet de loi, mais mes remarques aujourd'hui se limitent à la question des changements aux règles pour les tiers.

Je suis désolé de le dire, mais pour le fait que cette réunion se fasse par vidéoconférence, aujourd'hui, c'est encore une fois un déjà vu.

J'ai comparu devant le Comité permanent du gouvernement général au nom de l'ACLC, il y a un peu moins de cinq ans, pour commenter un envoi d'amendements à la Loi sur le financement des élections proposé par le dernier gouvernement.

À ce moment-là, j'ai exposé les préoccupations de l'ACLC concernant le régime de publicité par des tiers qui a été proposé, en mettant l'accent en particulier sur l'étendue de la définition de la Loi de la publicité politique et la durée de la période préalable au bref pendant laquelle la publicité est réglementée (six mois). Je tiens à préciser que l'ACLC ne s'oppose pas à l'imposition de certaines limites aux activités des tiers pendant la période électorale et comprend qu'avec des élections à date fixe, une certaine réglementation dans une période pré-électorale peut également aider à atteindre des objectifs valables. En particulier, nous reconnaissons la nécessité de limiter la mesure dans laquelle ceux qui disposent de plus de ressources financières sont en mesure de façonner les résultats électoraux. Il y a un équilibre prudent qui doit être atteint entre assurer une solide protection de l'expression politique et l'équité électorale. Nous estimons que le régime actuel de la Loi sur le financement des élections n'atteint pas le bon équilibre et croyons que les changements proposés dans le projet de loi 254 nous éloigneront davantage. En effet, à notre avis, ces changements restreignent déraisonnablement la liberté d'expression protégée par la Charte d'une manière qui n'est pas manifestement justifiée.

La publicité de tiers est un discours politique, qui est au cœur même de la protection de la liberté d'expression. La période actuelle de six mois de pré-électorat est déjà longue et donne lieu à un risque très réel de refroidir le discours politique qui consiste plus à débattre du bien-fondé des choix politiques qu'à persuader ou manipuler les électeurs. En effet, restreindre le discours politique dans les six mois précédant le déclenchement d'une élection est une mesure extraordinaire qui n'est reproduite dans aucune autre juridiction canadienne. Une période antérieure au bref plus courte a été déclarée inconstitutionnelle à deux reprises par les tribunaux de la Colombie-Britannique et, sans surprise, le régime ontarien fait l'objet d'une contestation constitutionnelle qui est actuellement devant les tribunaux.

Nonobstant le litige en cours, le gouvernement a maintenant décidé d'aller de l'avant avec des changements qui maintiendraient les réglementations restrictives en place deux fois plus longtemps – un discours effrayant en troisième partie non seulement six mois avant l'annulation d'un bref, mais pendant une année complète avant. De plus, alors que le temps pendant lequel le discours politique est réglementé a doublé, les montants en dollars que les tiers sont limités à dépenser n'ont pas changé. Je ferai remarquer qu'il n'y a aucune proposition visant à allonger la période pendant laquelle la publicité politique est restreinte pour les partis politiques en vertu de l'article 38.1 de la Loi.

Lorsque le procureur général a présenté ces changements à l'Assemblée, il les a présentés comme donnant la priorité aux gens, déclarant : « Nous croyons fermement que les électeurs de l'Ontario devraient déterminer le résultat des élections, et non les organisations éphémères, les conglomérats à gros revenus ou les groupes d'action politique anonymes. . " Avec tout le respect que je dois au procureur général, les électeurs déterminent le résultat des élections en votant, et pour ce faire, ils doivent être bien informés. Les tiers régis par la Loi peuvent avoir des structures juridiques particulières (syndicats, corporations, associations) mais, au fond, ils sont constitués d'électeurs ontariens. Les règles relatives aux tiers restreignent non seulement le type de débats auxquels ils peuvent participer pendant une année complète avant une élection, elles restreignent également l'information et les perspectives que les électeurs de l'Ontario sont autorisés à entendre pour aider à éclairer leur vote lorsque les élections auront lieu. Plutôt que de donner la priorité aux gens, les modifications apportées aux règles de publicité des tiers visent simplement à enraciner le monopole que les partis politiques et les candidats ont sur le débat et la discussion sur les questions électorales.

Je veux aborder brièvement l'étendue de la définition de « publicité politique » dans la Loi. Cela comprend non seulement la publicité dans le but de promouvoir ou de s'opposer à des candidats ou des partis, mais aussi des communications qui prennent position sur une question qui « peut raisonnablement être considérée comme étroitement associée à un parti enregistré ou à son chef ou à un candidat enregistré ». En Ontario, nos prochaines élections auront lieu au plus tard le 2 juin 2022. Si les modifications contenues dans le projet de loi 254 sont adoptées, les actions des tiers seront restreintes à compter de cet été. Il est peut-être trop tôt pour savoir quels problèmes sont ou seront associés aux partis ou aux candidats (ce qui donne lieu à des difficultés d'application potentielles pour Élections Ontario), mais il va de soi que la gestion de la pandémie, les foyers de soins de longue durée, l'accessibilité aux vaccins et la préparation aux situations d'urgence sont toutes susceptibles d'être des questions pertinentes lors des prochaines élections. Ceux-ci sont susceptibles d'être associés non seulement à un seul parti ou candidat, mais très probablement à plusieurs. Que le gouvernement limite considérablement l'expression sur ces sujets pendant une année complète avant les élections n'est pas, à notre avis, justifiable. Nous pensons que les changements sont extrêmement vulnérables à une contestation constitutionnelle et qu'ils devraient être supprimés du projet de loi.

Cara Zwibel est directrice des libertés fondamentales à l'Association canadienne des libertés civiles

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

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