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Jusqu'où les policiers peuvent-ils aller lorsqu'ils procèdent à une interpellation « protectrice » ? Des manifestants innocents peuvent-ils être arrêtés même s'ils n'ont rien fait de mal ? La police peut-elle procéder à une arrestation pour tenter d'empêcher une violation potentielle de l'ordre public? Ces questions et bien d'autres sont ce qui est en jeu dans le Fleming c. Ontario appel, entendu aujourd'hui à la Cour suprême du Canada.

Randy Fleming a été arrêté le 24 mai 2009 à Caledonia, en Ontario, par 7 agents de police de l'Ontario. Il était seul et engagé dans une manifestation politique pacifique, lorsqu'il a été contraint de quitter une voie publique et de se rendre sur une propriété privée. Son arrestation a été faite ostensiblement sur la base d'un pouvoir policier de droit commun qui n'apparaît pas dans le Code criminel ou toute autre loi ; d'arrêter une personne afin d'empêcher une « violation de l'ordre public appréhendée ». Une violation de l'ordre public peut être un préjudice ou une menace de préjudice à une personne ou à un bien. Le terme « violation appréhendée » signifie simplement que le policier n'a qu'à être raisonnablement sûr qu'une violation de l'ordre public peut se produire.

Dans ce cas, la police craignait que les manifestants autochtones occupant le terrain sur lequel M. Fleming marchait ne recourent à la violence. Lors de cette arrestation « protectrice », Fleming a été définitivement blessé par les policiers.

La doctrine des « pouvoirs accessoires », selon la Cour d'appel de l'Ontario, a rendu l'arrestation de M. Fleming légale, même s'il n'était pas actuellement en train de commettre ou même soupçonné d'avoir commis un crime. Les pouvoirs accessoires sont de nouveaux pouvoirs de police qui peuvent être créés par des juges de common law, sur la base d'une vieille affaire britannique. Bien que l'utilisation de pouvoirs accessoires puisse être justifiée (par exemple, la police enquêtant sur une apparente violence familiale après qu'un appel à l'aide au 911 est brusquement interrompu), l'utilisation de ce pouvoir devrait être soumise à des contrôles rigoureux. Charte une analyse. Surtout dans des cas comme celui de M. Fleming, où le pouvoir est utilisé pour supprimer la liberté d'expression légale.

L'ACLC est troublée par l'octroi de pouvoirs policiers de common law mal définis qui permettent à la police de priver les gens de leurs droits fondamentaux Charte droits à la liberté, à la sécurité de la personne et à l'absence de détention arbitraire. Nous intervenons pour nous assurer qu'elles sont convenablement limitées.

Les pouvoirs accessoires de common law de la police ont été utilisés pour justifier plus que de simples arrestations préventives. Les perquisitions sans mandat, les barrages routiers spontanés et la détention de piétons à des fins d'enquête relèvent tous de la doctrine des pouvoirs accessoires. Le pouvoir d'arrêter pour violation de l'ordre public appréhendé requiert une attention particulière, car il est utilisé contre des personnes qui n'ont ni commis d'infraction ni menacé de le faire. Elle résiste également à l'examen puisque, contrairement à une arrestation où des accusations sont portées, les circonstances qui donnent lieu à la détention ne sont presque jamais portées devant un tribunal.

Le cas de M. Fleming est donc exceptionnel, car il offre une rare occasion à la plus haute cour du Canada de se prononcer définitivement sur les limites du pouvoir d'arrestation pour violation de la paix appréhendée. L'immense coût sociétal pour notre liberté d'expression qui découle de ce pouvoir de police mal défini et non codifié peut enfin être convenablement réduit si la Cour exige un examen rigoureux Charte une analyse.

L'ACLC a adopté la position selon laquelle l'exercice des pouvoirs accessoires par la police devrait être assujetti à une Charte l'analyse proposée par les juges de la Cour suprême Binnie, LeBel et Fish dans leurs motifs concordants dans Clayton, décidé en 2007. Sans un test plus robuste en place, les pouvoirs accessoires ont été utilisés pour justifier un certain nombre d'incidents d'inconduite de la police, y compris au cours de la G20.

L'ACLC demandera également au tribunal de préciser que lorsqu'une arrestation pour violation de la paix appréhendée est effectuée, la personne arrêtée doit être libérée immédiatement, dès que le risque de violation de la paix est passé. La détention prolongée ne peut tout simplement pas être justifiée dans ces circonstances.

L'intervention de l'ACLC dans Flamand fait partie de notre travail continu pour lutter pour vos droits à ne pas être soumis à des pouvoirs de police excessifs et pour protéger les droits à la liberté d'expression et de réunion pacifique. Nous remercions nos avocats Sean Dewart, Adrienne Lei et Mathieu Bélanger de nous avoir représentés pro bono, et attendons avec impatience de voir comment la Cour abordera les questions importantes que soulève cette affaire.

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

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