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12 mai 2021

Dr Robert Strang
Médecin-hygiéniste en chef
Case postale 488
Halifax, N.-É.
B3J 2R8
covid19info@novascotia.ca 
Honorable Iain Rankin
Premier ministre de la Nouvelle-Écosse
7e étage, une place du gouvernement
1700, rue Granville
Halifax, N.-É.
B3J 1X5
Premier@novascotia.ca


Objet : Restrictions de voyage provinciales

Cher premier ministre Rankin et Dr Strang,

Je vous écris au nom de l'Association canadienne des libertés civiles (ACLC) au sujet des restrictions actuelles de la Nouvelle-Écosse concernant les personnes autorisées à entrer dans la province. À notre avis, les règles actuelles de la Nouvelle-Écosse restreignent déraisonnablement les droits fondamentaux de mobilité investis dans les citoyens canadiens et les résidents permanents par le Charte canadienne des droits et libertés. Ce droit n'est pas soumis à la Charte clause nonobstant. Le gouvernement ne peut imposer à ce droit que des restrictions raisonnables et dont la justification peut être démontrée. Les restrictions actuelles ne satisfont à aucune de ces exigences et devraient être abrogées.

La province dispose actuellement d'un système complexe qui régit qui peut entrer dans la province et ce que les personnes entrant doivent faire à leur arrivée. L'ensemble de restrictions le plus récent, entré en vigueur le 10 mai 2021, vise à exclure tous les non-résidents d'entrer dans la province, à quelques exceptions près énumérées où les voyages sont considérés comme «essentiels». De manière significative, parmi ceux qui peuvent entrer, il y a des personnes qui sont exemptées des exigences d'auto-isolement et doivent plutôt suivre le protocole des voyageurs exemptés de la province. Presque toutes les personnes entrant dans la province sont tenues de remplir des documents (le formulaire d'enregistrement sécurisé de la Nouvelle-Écosse) et des enregistrements numériques quotidiens.

Nous comprenons que la Nouvelle-Écosse a connu une augmentation inquiétante du nombre de cas de COVID-19 et prend des mesures de plus en plus strictes au nom de la santé publique. Cependant, les restrictions aux droits fondamentaux ont également des implications importantes pour les individus à l'intérieur et à l'extérieur de la province. Ces implications ne doivent pas être ignorées ou minimisées. Tout au long de cette pandémie, nous avons entendu de nombreux Canadiens touchés négativement par les restrictions de voyage interprovinciales. Bien que ces personnes ne correspondent pas à la définition de voyageurs essentiels de la province (en grande partie axée sur la main-d'œuvre), nombre d'entre elles ont des raisons impérieuses de vouloir entrer dans la province, notamment pour fournir ou recevoir un soutien familial ou social bien nécessaire dans ce qui a été une période extrêmement difficile pour beaucoup.

La province a reconnu que les risques que les voyageurs importent le virus peuvent être partiellement atténués par des exigences de test et d'auto-isolement. Dans certains cas, l'auto-isolement n'est pas nécessaire selon les ordonnances de santé publique en vigueur. Néanmoins, la province a décidé qu'il est tout simplement interdit à certains Canadiens d'entrer en Nouvelle-Écosse. Le gouvernement a même décidé que les Canadiens qui souhaitent déménager en Nouvelle-Écosse et y établir une résidence permanente ne peuvent le faire à moins que certaines dispositions résidentielles n'aient déjà été prises. L'idée qu'un citoyen canadien ou un résident permanent a besoin d'une autorisation gouvernementale pour déménager d'une province à une autre est contraire à la Charte et notre compréhension du Canada en tant que nation fédérale. Si les tests et l'auto-isolement sont acceptables pour certains, pourquoi sont-ils inacceptables – ou insuffisants – pour d'autres ? Si le gouvernement estime que ces restrictions sont vraiment raisonnables et justifiées, veuillez partager les preuves sur lesquelles vous vous appuyez et expliquer la justification de ces mesures sans précédent.

Au début de la pandémie, alors que beaucoup de choses étaient inconnues, les gouvernements ont pris un certain nombre de mesures basées sur les meilleures preuves disponibles à l'époque. Mais COVID-19 n'est plus un virus nouveau ou inconnu et les gouvernements provinciaux, y compris la Nouvelle-Écosse, ont eu plus d'un an pour réfléchir à la meilleure façon de protéger la santé et la sécurité des résidents sans imposer de restrictions arbitraires et déraisonnables aux droits individuels. Les Charte exige que lorsque les gouvernements restreignent les droits, ils le fassent d'une manière peu intrusive. Dans les circonstances actuelles, l'auto-isolement peut être efficacement associé à des exigences de test pour atténuer les risques. Exclure complètement les Canadiens de la province n'est ni nécessaire ni proportionné; nous pensons que c'est inconstitutionnel. Nous vous exhortons vivement à annuler ces mesures.

Nous attendons votre réponse rapide. 

Sincèrement,  

Cara Faith Zwibel
Directeur, Programme des libertés fondamentales

Vous pouvez également consulter une version PDF de la lettre ICI.

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

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