25 mai 2020
Hon. Caroline Wawzonek
ministère de la Justice
Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest
4093 49e Rue, BP 1320,
Yellowknife, NT X1A 2L9
Objet : Droits de mobilité et déplacements vers les Territoires du Nord-Ouest
Cher Ministre,
Nous vous écrivons au sujet de la constitutionnalité et de l'impact du protocole de restrictions de voyage et d'auto-isolement des Territoires du Nord-Ouest, énoncés dans l'ordonnance du médecin-hygiéniste en chef datée du 27 avril 2020. L'effet de cette ordonnance est d'interdire en grande partie aux Canadiens qui ne résident pas aux TNO d'entrer sur le territoire, à quelques exceptions près. À notre avis, l'ordonnance est contraire à l'article 6 de la Charte canadienne des droits et libertés et peut également être hors de la juridiction du territoire. En tant que surintendant de la primauté du droit sur le territoire, vous aurez revu cette ordonnance pour en déterminer les risques constitutionnels. Nous encourageons un deuxième regard sur cet Ordre, à la lumière de ce qui suit.
En ce qui concerne les droits de mobilité, conformément à l'article 6(2) de la Charte, les particuliers peuvent élire domicile dans n'importe quelle province et ont le droit de gagner leur vie dans n'importe quelle province. Conformément à l'art. 30 du Charte, ce droit s'applique également au Yukon et aux Territoires du Nord-Ouest. Les droits de mobilité des Canadiens sont sacro-saints; pas même la clause nonobstant de la Loi constitutionnelle de 1982 peuvent écarter leur candidature. Les seules dérogations à l'article 6 autorisées sont celles qui peuvent être justifiées en vertu de l'article 1 de la Charte, à savoir ceux qui sont à la fois raisonnables et manifestement justifiés. À notre avis, la restriction actuelle du territoire sur les déplacements n'est ni l'un ni l'autre.
Nous avons également des inquiétudes quant à savoir si ce type d'ordonnance est ultra vires. Permettre à une province ou à un territoire de dicter les droits de mobilité ne semble pas compatible avec le partage des pouvoirs dans le Loi constitutionnelle de 1867.
Les restrictions de voyage et le protocole d'auto-isolement sont complexes, mais il est clair que de nombreuses personnes qui ne résident pas normalement aux TNO seront autorisées à entrer pour des raisons jugées « essentielles » et avec diverses restrictions en place sur les contacts sociaux qu'elles peuvent avoir une fois. dans le territoire. Avec égards, rien ne prouve qu'une interdiction totale d'entrée sur le territoire de certaines personnes puisse être justifiée alors que des mesures moins restrictives pourraient clairement atteindre les mêmes objectifs de santé publique. De plus, ces restrictions sévères sont en place à un moment où le territoire semble n'avoir aucun cas actif de COVID-19. À notre avis, les restrictions imposées aux déplacements ne peuvent être justifiées et doivent être abrogées.
Nous ne suggérons pas qu'il existe une solution unique pour la gestion des urgences au Canada. Il va sans dire que les territoires sont confrontés à des circonstances et des défis uniques et votre approche doit être adaptée en conséquence. Chaque province et territoire a adopté une approche de gestion des urgences qui correspond à la santé publique particulière et aux circonstances particulières de la région. Mais tous doivent le faire dans les limites de la Constitution.
L'ACLC est une ONG indépendante à but non lucratif, qui s'oppose au pouvoir et défend la liberté au Canada depuis 1964. Nous avons comparu devant les tribunaux à travers le Canada des centaines de fois et avons entamé des poursuites contre des gouvernements pendant COVID-19 dans d'autres juridictions. Nous vous serions reconnaissants d'avoir l'opportunité de discuter de tout cela avec vous-même ou vos fonctionnaires, et nous serions reconnaissants de votre attention sur cette question importante.
Votre sincèrement,
Michael Bryant
Directeur exécutif
Cara Zwibel
Directrice du programme Libertés fondamentales
À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles
L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.
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