Allez lire « Moving Into a Period » de Leonard Cohen dans son Book of Longing. Cohen a prévu comment notre perplexité pandémique actuelle engendrerait l'autoritarisme et la captivité, au milieu des meilleurs efforts épidémiologiques. Nos autorités élues pourraient faire pire que de s'attarder sur une certaine prophétie astucieuse, plutôt que de s'attarder de plus en plus sur des constructions subjectives de conduite correcte ; plutôt que d'inspirer trop de peur et d'exhaler une version particulière de l'ordre.
Comme l'a écrit Cohen, au milieu du chaos, « le désir public d'Ordre invitera de nombreuses personnes obstinées et intransigeantes à l'imposer. La tristesse du zoo retombera sur la société. La soif de contrôle et d'ordre engendre plus de règles, plus de règles transférables, plus de transgresseurs de règles et encore plus de règles pour punir les transgresseurs de plus en plus nombreux, auquel cas il ne s'agit pas de COVID. C'est Rudy Giuliani BS sur les vitres cassées et les méchants, alors qu'il s'agit de prévenir et de traiter une maladie.
Pendant ce temps, il est difficile de faire la distinction entre les ricanements et les ordres juridiques démocratiquement responsables qui peuvent être examinés par le pouvoir judiciaire pour assurer la conformité constitutionnelle. Les restrictions à couper le souffle sur nos libertés canadiennes s'accumulent. Parmi eux, nous voyons nos autorités commencer à dériver du terrain solide des justifications de santé publique, vers un modèle panique de suppression. La police arrête des personnes et des véhicules sans raison valable ; ceux qui vivent dans la rue ou à proximité sont régulièrement harcelés, le brevetage est de retour en Ontario; des lignes de vif d'or officielles sont mises en place pour permettre la rage ; les procureurs luttant obstinément contre les faits épidémiologiques au nom du risque spéculatif pour l'ordre public, remplissant les prisons ayant besoin d'être évacuées ; des réfugiés soumis à des conditions pires qu'un chenil ; et l'État se pressant dans les salles à manger de la nation pour briser un sedar de la Pâque.
Nous savons depuis la Chine comment cela se passe. Nous connaissons le prix payé pour y arriver. Suppression sur la liberté, sans aucune responsabilité. Une amputation précipitée et sommaire de la dignité humaine, mais la plupart des patients survivent. On a mis plus de temps mais on y va vite. Lorsque cette courbe commencera à s'infléchir, nos autorités seront-elles tenues pour responsables d'avoir trop poussé ? Je ne dirais pas que quiconque célèbre la crise d'octobre 1970 comme le triomphe de tout sauf de l'excès, de la panique et de la bravade. Ainsi, la Loi sur les mesures de guerre fédérale a été pratiquement détruite, pour se propager comme un virus dans la législation provinciale à travers le Canada. Ah, le fédéralisme.
Ce qui est nécessaire aujourd'hui, c'est un ajustement par les autorités, pour mettre davantage l'accent sur chaque nouvelle restriction répondant aux tests constitutionnels de la nécessité de santé publique et de la proportionnalité des droits ; basé sur des preuves solides, et non sur des reportages anecdotiques et sur les réseaux sociaux, ni sur les seuls renseignements de la police. À aucun moment, la réponse du gouvernement à COVID ne devrait porter sur autre chose que l'épidémiologie. Pas d'obéissance aux élus (allez peuple !) et à l'ordre public, de peur que le moyen ne devienne la fin.
Et tirez les rideaux. Nos autorités peuvent mieux partager leur travail à huis clos, mettant en lumière la nécessité scientifique de chaque nouvelle restriction ; exposant expressément les moyens équilibrés pour atteindre les objectifs de santé publique. Ils pourraient parfois se tenir aux côtés des professionnels de la santé publique et de ceux chargés de protéger nos droits, comme les responsables de la protection de la vie privée, etc.
Les gouvernements doivent comprendre que la plupart des autorités chargées de l'application de la loi sont des marteaux, pour lesquels tout est un clou. Les législateurs doivent donc mieux appuyer le recours aux policiers et aux agents municipaux principalement pour éduquer et avertir. L'accusation ne devrait être qu'une mesure de dernier recours, comme l'a récemment déclaré l'Association canadienne des chefs de police. En cas de fidélisation, conservez au moins toutes ces informations dans un coffre-fort de santé publique, à l'écart des enquêtes criminelles, et détruites par la suite.
J'ai appris d'une décennie d'élus que la nature du pouvoir est aussi comme un virus. La confiance du public ne se gagne pas une fois pour toutes, mais continuellement par l'action et non par les promesses. Je ne fais pas confiance aux autorités parce que c'est mon travail mais aussi parce que c'est leur travail d'opérer dans le respect de la loi. Car les élus ne sont pas des divinités mais des chanceux avec des emplois aujourd'hui, dans une démocratie régie par une constitution. Aujourd'hui, faire leur travail démocratique, c'est en effet rétrécir la liberté, avec la puissance impressionnante de la loi. Mais pourquoi, quand et comment cela est fait importe.
Michael Bryant est le directeur général de l'Association canadienne des libertés civiles et a été le 35e procureur général de l'Ontario.
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