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La voix de l'ACLC a été entendue et reconnue dans la décision de la Cour suprême du Canada (CSC) rendue aujourd'hui, Douez contre Facebook, Inc. L'affaire visait à savoir si une femme de Vancouver, Deborah Douez, devrait être en mesure de porter plainte contre le géant des médias sociaux en vertu de la loi canadienne, au Canada.

L'ACLC a soutenu, et la Cour a convenu, que l'une des raisons pour lesquelles nous devons nous assurer que la vie privée et d'autres droits sont protégés dans ces types de contrats est que l'utilisation des médias sociaux devient un élément essentiel de la participation à la vie publique :

Comme le souligne l'intervenante l'Association canadienne des libertés civiles, « l'accès à Facebook et aux plateformes de médias sociaux, y compris les communautés en ligne qu'elles rendent possibles, est devenu de plus en plus important pour l'exercice de la liberté d'expression, de la liberté d'association et pour une pleine participation à la démocratie ». (paragraphe 56)

La plupart des principes importants défendus par l'ACLC ont trouvé écho auprès de la Cour, qui a généralement convenu que les contrats de consommation « à prendre ou à laisser » sont différents des autres types de contrats commerciaux parce qu'ils soulèvent des questions de consentement significatif et qu'ils sont publics. l'intérêt de protéger des droits tels que la vie privée lors de l'évaluation de l'endroit où les différends concernant ce type de contrat devraient être entendus.

Des statistiques récentes révèlent qu'en mars 2017, il y avait plus de 1,94 milliard d'utilisateurs actifs sur Facebook, avec cinq nouveaux utilisateurs chaque seconde.[1] Plus de 18 millions d'entre eux sont canadiens, dont 1,8 million en Colombie-Britannique seulement.[2]   L'ACLC estime que toutes ces personnes, qui utilisent Facebook comme une partie importante de leur vie sociale et qui partagent leurs photos, préférences sexuelles, localisation, affiliation religieuse, opinions politiques et toutes sortes d'informations personnelles, devraient avoir la possibilité de présenter un cas au Canada, en vertu de la loi canadienne, s'ils subissent des violations de la vie privée.

Mme Douez a tenté d'intenter des poursuites judiciaires contre Facebook en Colombie-Britannique, pour avoir utilisé son nom et sa photo dans des publicités « histoires commanditées » sans consentement exprès. Facebook a fait valoir qu'elle ne pouvait pas porter son cas en Colombie-Britannique parce que lorsqu'elle a créé son compte, elle a accepté leurs conditions de service. Ces conditions d'utilisation incluent une clause de sélection de forum, spécifiant que les utilisateurs doivent résoudre toute réclamation contre la société devant un tribunal américain situé en Californie.

Cette affaire tournait autour d'un corpus de droit très complexe relatif à la sélection du for. Le test de common law existant pour déterminer si un tribunal canadien devrait outrepasser une clause d'élection de for a été établi par la Cour suprême dans l'affaire Pompey.[3]

Le test de Pompey a été conçu pour les contrats commerciaux, où deux parties égales négocient un échange de marchandises et décident ensemble où les conflits doivent être résolus. La présomption inhérente au test est que les clauses d'élection de for devraient principalement être respectées, car elles font partie de l'accord conclu par les deux parties.

C'est la première fois que la CSC est sollicitée pour examiner comment le test Pompey s'applique à un contrat de consommation « à prendre ou à laisser », plus formellement appelés « contrats d'adhésion ». L'ACLC a fait valoir que le test a besoin d'une mise à jour importante s'il doit être utilisé pour décider dans quelle juridiction les individus peuvent poursuivre des violations de la vie privée. Lorsque des utilisateurs individuels ouvrent des comptes auprès de grandes entreprises comme Facebook ou Google, ces individus n'ont pas le pouvoir de négocier un contrat équitable pour les deux parties. Les contrats pour les comptes de réseaux sociaux sont des documents tout ou rien : les utilisateurs doivent donner leur consentement pour tout ce que l'entreprise demande, ou ils ne peuvent pas créer de compte. Nous avons soutenu que lorsque des droits importants tels que la vie privée sont menacés, les Canadiens ne devraient pas automatiquement avoir à renoncer à leurs droits d'intenter un recours devant un tribunal canadien afin d'ouvrir un compte Facebook.

L'ACLC est heureuse que la CSC ait accepté, déclarant que « les tribunaux canadiens ont un plus grand intérêt à trancher les affaires portant atteinte aux droits constitutionnels et quasi constitutionnels », tels que les droits à la vie privée.

Une capacité améliorée de déposer des plaintes en matière de protection de la vie privée contre les grandes entreprises de médias sociaux au Canada et de les faire entendre en vertu de la loi canadienne est une victoire importante.

L'ACLC tient à remercier Cynthia B. Kuehl et Meredith E. Jones de Lerners LLP pour tout leur travail sur cette affaire.

Lisez le mémoire de l'ACLC ici.

 

[1] https://zephoria.com/top-15-valuable-facebook-statistics/

[2] https://www.statista.com/statistics/282364/number-of-facebook-users-in-canada/

[3] ZI Pompey Industrie contre ECU-Line NV, 2003 CSC 27 (disponible sur CanLII) [Pompée]. https://www.canlii.org/en/ca/scc/doc/2003/2003scc27/2003scc27.html

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

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