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Soumission orale au Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique (ETHI) 
 
44e législature, 1re session, réunion n 12, 24 mars 2022 
  
Brenda McPhail, Ph.D. 
Directeur, Programme de protection de la vie privée, de technologie et de surveillance, Association canadienne des libertés civiles

Merci d'avoir invité l'Association canadienne des libertés civiles à comparaître devant vous aujourd'hui.

La reconnaissance faciale, ou comme nous y pensons souvent à l'ACLC, l'empreinte digitale faciale - pour établir un parallèle avec une autre biométrie sensible - est une technologie controversée. Vous entendrez des soumissions au cours de cette étude qui vantent ses avantages potentiels et d'autres qui mettent en garde contre les conséquences désastreuses pour la société qui peuvent venir avec des cas d'utilisation particuliers, en particulier dans le contexte de la police et de la sécurité publique. Les deux côtés du débat sont valables, ce qui rend votre travail au cours de cette étude difficile et profondément important et je vous suis reconnaissant de l'avoir entrepris.

L'ACLC examine cette technologie sous l'angle des droits, un objectif qui révèle que non seulement les droits à la vie privée individuels et collectifs sont menacés dans les diverses utilisations des secteurs public et privé de la surveillance et de l'analyse des visages, mais également un large éventail d'autres droits. Je sais que vous avez entendu dans des mémoires précédents le risque sérieux pour les droits à l'égalité soulevé par cette technologie qui fonctionne souvent moins bien sur les visages noirs, bruns, autochtones, asiatiques, féminins ou jeunes, c'est-à-dire non blancs, non- visages masculins. Ce que j'ajouterais à cette discussion, c'est la mise en garde que si la technologie est fixe, si elle devient plus précise sur tous les visages, quel que soit le sexe et la race, elle peut devenir encore plus dangereuse. Pourquoi? Parce que nous savons où le regard du surveillant tombe de manière disproportionnée dans les contextes d'application de la loi - ces mêmes personnes. Nous savons qui sont souvent victimes de discrimination dans les demandes du secteur privé — ces mêmes personnes. Et dans les deux cas, une identification parfaite des groupes qui subissent déjà une discrimination systémique en raison de qui ils sont, à quoi ils ressemblent, a le potentiel de faciliter des actions discriminatoires mieux ciblées.

En plus des droits à l'égalité, les outils qui pourraient permettre une identification omniprésente auraient des effets négatifs sur les droits à la liberté d'association et de réunion, à la liberté d'expression, au droit de ne pas faire l'objet de perquisitions et de saisies abusives par l'État, à la présomption d'innocence si le visage de chacun devient un sujet dans une file d'attente policière perpétuelle et, en fin de compte, les droits à la liberté et à la sécurité de la personne.
Donc, il y a beaucoup en jeu. Il est également important de comprendre que cette technologie s'insinue dans la vie quotidienne d'une manière qui devient monnaie courante, et nous ne devons pas laisser cette familiarité croissante engendrer un sentiment d'inévitabilité. Par exemple, beaucoup d'entre nous déverrouillent probablement nos téléphones avec notre visage. C'est pratique et avec des protections intégrées appropriées, il peut comporter relativement peu de risques. Un outil similaire de reconnaissance faciale de correspondance individuelle a récemment été utilisé par le Parti libéral du Canada dans son processus de vote d'investiture avant la dernière élection fédérale - dans ce cas, une utilisation beaucoup plus risquée d'une technologie potentiellement défectueuse et discriminatoire parce qu'elle s'est déroulée dans un processus qui est au cœur de la démocratie de base. La même fonctionnalité dans des contextes très différents soulève des risques différents, soulignant la nécessité d'une attention particulière non seulement aux protections techniques de la vie privée, qui existent à la fois dans l'exemple du téléphone et du vote, mais aux protections contextuellement pertinentes pour l'ensemble complet des droits engagés par cette technologie.

Alors, quelle est la voie à suivre? J'espère que cette étude examine IF, et pas seulement quand et comment, le FRT peut être utilisé au Canada, en tenant compte de ces questions contextuelles.

L'ACLC croit que la réglementation est nécessaire pour les utilisations que les Canadiens jugent finalement appropriées dans un État démocratique juste et libre. La reconnaissance faciale pour la surveillance de masse devrait être interdite. Pour des usages plus ciblés, nous continuons à réclamer un moratoire, notamment à des fins policières, en l'absence d'une législation complète et efficace qui :

  • fournit un cadre juridique clair pour son utilisation,
  • comprend des dispositions rigoureuses en matière de responsabilité et de transparence,
  • nécessite une surveillance indépendante, et
  • crée des moyens d'exécution efficaces en cas de non-respect.

Une loi intersectorielle sur la protection des données largement fondée sur le cadre des droits de l'homme est nécessaire, en particulier dans un environnement où les secteurs privé et public utilisent les mêmes technologies mais sont désormais soumis à des exigences légales différentes. Des lois ciblées régissant la biométrie ou, idéalement, toutes les technologies basées sur des algorithmes à forte intensité de données pourraient être encore mieux adaptées à leur objectif, et il existe un certain nombre d'exemples dans le monde où une telle législation a récemment été promulguée ou est à l'étude. Nous devrions nous en inspirer pour créer des lois canadiennes afin de mettre des garde-fous appropriés autour des utilisations potentiellement bénéfiques du FRT et de protéger les gens partout au Canada contre son utilisation abusive ou abusive.

Merci et j'attends vos questions avec impatience.

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

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