Dans tout le Canada, la police est autorisée à intercepter des voitures au hasard, à interroger leurs occupants et à exiger que les conducteurs s’identifient. La police n’a pas besoin d’avoir vu quelqu’un conduire de façon irrégulière, ni d’avoir le moindre soupçon de méfait, pour interpeller et interroger des individus. Il s’agit d’un pouvoir de détention arbitraire qui n’est pas nécessaire et qui a entraîné des décennies de profilage racial, de discrimination et de harcèlement – et nous pensons qu’il est inconstitutionnel. Il n’y a rien de vraiment « aléatoire » dans les interpellations de conducteurs en l’absence de tout soupçon. Elles ouvrent la voie au harcèlement et à des pratiques policières discriminatoires, que ce soit à titre de prétexte ou en raison de préjugés inconscients. Il ne fait aucun doute que cette pratique affecte de manière disproportionnée les personnes de race noire et les membres d’autres groupes racisés. Elle sape la confiance du public dans les forces de l’ordre et le système judiciaire dans son ensemble.
En savoir plus sur vos droits lors des interpellations policières
Lisez notre guide d’introduction au racisme envers les Noirs dans le système judiciaire canadien
Le profilage racial a des effets négatifs graves et généralisés sur les personnes et les collectivités. La visibilité accrue et la multiplication des rencontres avec les forces de l’ordre exposent les personnes racisées à un risque accru de violence et d’abus policiers, qui peuvent entraîner des blessures graves, des traumatismes durables et la mort. Les interpellations policières arbitraires et discriminatoires, même très brèves, constituent une grave atteinte à la dignité, à la sécurité et au bien-être mental des personnes.
Le fait que les personnes racisées soient plus susceptibles d’être ciblées par ces pouvoirs de la police signifie également que leurs activités sont plus visibles et plus exposées à l’examen, à la surveillance et à l’intervention de la police. Cette visibilité accrue est l’un des nombreux facteurs qui contribuent à la surreprésentation des Noirs, des Autochtones et des personnes racisées dans le système de justice pénale – par exemple, parce que ces personnes sont plus susceptibles d’être accusées d’infractions liées à l’administration de la justice ou d’autres infractions en conséquence.
Les lois qui facilitent les traitements injustes érodent également la légitimité perçue de la police, de l’État et du système judiciaire dans son ensemble. Elles rendent moins probable la confiance dans les autorités publiques et la coopération volontaire avec celles-ci. La pratique du profilage racial, en particulier, porte atteinte à la croyance et à l’attente – fondamentales dans toute société démocratique – que tous sont égaux devant la loi.