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Aujourd'hui, la Cour suprême du Canada a rendu sa décision tant attendue dans Frank c. Canada, des dispositions frappantes de l'ancien Loi électorale du Canada qui avait interdit à certains citoyens canadiens non-résidents de voter aux élections fédérales.

Cette décision est une victoire pour le principe de l'égalité des citoyens. Nous avions soutenu, devant la Cour suprême, que les restrictions de vote créaient effectivement un système discriminatoire de citoyenneté à plusieurs niveaux, qui traitait les non-résidents comme des citoyens moins canadiens de deuxième classe. La décision d'aujourd'hui confirme que ce système de citoyenneté à plusieurs niveaux est contraire à la Charte larges protections du droit de vote.

Avant la décision de la Cour, le gouvernement fédéral du Canada avait modifié la Loi électorale du Canada et a supprimé les dispositions contestées, qui refusaient le droit de vote aux électeurs « non-résidents », c'est-à-dire aux citoyens canadiens qui résident à l'étranger depuis plus de cinq années consécutives ou aux citoyens canadiens qui sont à l'étranger depuis moins de cinq ans mais qui pas l'intention de retourner au Canada. Pourtant, la décision d'aujourd'hui a des implications importantes à la fois pour l'avenir du droit de vote au Canada et pour le sens de la citoyenneté canadienne en général.

Une majorité de la Cour suprême a estimé que la restriction du vote n'était pas adaptée de manière adéquate pour répondre à un problème spécifique. En effet, la législation était trop inclusive, restreignant les droits des électeurs qui étaient fortement engagés envers le Canada et qui étaient profondément touchés par la législation et les politiques canadiennes. La majorité a également noté que tout bien obtenu en assurant l'équité électorale pour les Canadiens résidents était clairement contrebalancé par les effets de la privation du droit de vote aux Canadiens non-résidents. Cela est particulièrement vrai dans une société mondialisée, où de nombreux Canadiens choisissent maintenant de vivre à l'étranger pendant de longues périodes. La décision constituera désormais une limite importante à tout futur gouvernement tentant de refuser le droit de vote aux électeurs non-résidents.

Nos arguments devant la Cour suprême se sont concentrés sur les raisons pour lesquelles les interdictions de vote fondées sur la résidence étaient contraires à la valeur d'égalité qui sous-tend la Charte droit de vote. Avant d'être modifié, le Loi électorale canadienne traité toute une catégorie de citoyens canadiens, comptant des centaines de milliers de citoyens canadiens, différemment et injustement en fonction d'une caractéristique personnelle — leur lieu de résidence.

Le gouvernement a soutenu, à l'appui de ces restrictions au droit de vote, que le vote devrait être réservé aux Canadiens qui sont le plus touchés par les lois canadiennes et qui sont tenus de les respecter. Mais comme la majorité l'a reconnu aujourd'hui, ces arguments manquent la cible. Les Canadiens résidant à l'étranger paient de l'impôt sur les revenus réalisés au Canada, ont souvent de la famille au Canada et peuvent être, et sont souvent, assujettis aux lois canadiennes qui s'appliquent à l'extérieur de nos frontières (comme, par exemple, nos lois régissant le financement des campagnes et la publicité électorale) . Bref, ils ont un intérêt réel dans les lois et les politiques canadiennes et ne devraient pas être laissés sans représentation politique.

Plus troublant encore, les interdictions de voter fondées sur la résidence privent toute une catégorie de Canadiens de la possibilité de s'acquitter de leurs devoirs fondamentaux de citoyenneté démocratique et les privent ainsi de leur autonomie personnelle et de leur autodétermination. Ils créent une catégorie de citoyens de « seconde classe » auxquels on ne fait pas confiance pour exprimer pleinement leurs préoccupations politiques. Le caractère discriminatoire de cette citoyenneté à plusieurs niveaux est accentué par les corrélations qui existent souvent entre la résidence et l'origine ethnique ou nationale. Les restrictions fondées sur la résidence garantissent que les catégories de citoyens de certaines origines ethniques ou nationales auront moins leur mot à dire dans la politique canadienne, car ces groupes sont plus susceptibles de vivre à l'étranger pendant de longues périodes.

La décision d'aujourd'hui est une victoire importante pour le droit de vote au Canada. Une différence de lieu de résidence ne peut tout simplement pas justifier de priver des individus de leur droit d'être des citoyens canadiens à part entière et égaux.

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

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