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Forcer une opinion à quelqu'un, ou mettre des mots dans sa bouche, est une violation de sa liberté, de sa liberté de pensée, d'association et d'expression. Quand quelqu'un le fait à partir d'une position de pouvoir, c'est humiliant et un abus d'autorité. Quand un gouvernement le fait à ses citoyens, je suis reconnaissant que nous ayons une Charte des droits et libertés qui nous protège contre un tort aussi fondamental.

Parmi les changements que le gouvernement de l'Ontario a incorporés dans le budget, il y a une nouvelle exigence selon laquelle les détaillants d'essence affichent un avis sur l'impact de la taxe fédérale sur le carbone sur les prix de l'essence. Présentée comme une mesure de transparence, cette exigence est en fait un moyen de forcer les entreprises privées à colporter la propagande gouvernementale. C'est un discours forcé et cela va à l'encontre de la protection fondamentale prévue par notre Constitution pour la liberté d'expression. Nous devons le combattre.

L'avis exigé par la province ne se contente pas de ventiler les coûts de l'essence et où vont les différentes portions. Cela, tout comme l'exigence d'inclure les listes d'ingrédients et le nombre de calories sur les emballages alimentaires, pourrait être acceptable. Au lieu de cela, l'avis fait partie de l'arsenal du gouvernement provincial dans la guerre contre la taxe fédérale sur le carbone. C'est une guerre que la province a peut-être le droit de mener, mais elle ne devrait pas être en mesure d'enrôler les Ontariens pour qu'ils la combattent à leur place.

Cela nuit gravement à notre démocratie lorsque le gouvernement commence à forcer les gens à diffuser des messages politiques pour eux. Cette mesure dicte non seulement le message mais aussi les moyens précis par lesquels il doit être délivré. Bien qu'il existe un argument solide selon lequel l'avis dénature le coût réel de la taxe sur le carbone (en omettant de mentionner le rabais disponible), la question de l'exactitude n'est même pas proche de l'aspect le plus troublant. En termes simples, l'avis est une publicité pour le gouvernement provincial. En plus d'un petit graphique à barres/flèches sur les augmentations de prix au cours des prochaines années, il invite les gens à visiter le site Web du gouvernement sur la taxe carbone pour « en savoir plus sur les taxes sur l'essence ». Mais le site Web consacre peu de temps aux prix de l'essence et bien plus pour expliquer pourquoi l'Ontario a une « meilleure façon » de lutter contre les changements climatiques que le gouvernement fédéral.

Le gouvernement provincial a réussi à obliger les entreprises privées à faire de la publicité pour elles et, plus précisément, à faire de la publicité contre le gouvernement fédéral d'une autre allégeance politique. Non seulement cette publicité est gratuite pour le gouvernement, mais ils peuvent gagner de l'argent pour chaque détaillant qui ne se conforme pas (les détaillants qui ne publient pas l'avis s'exposent à des amendes pouvant aller jusqu'à $10 000 par jour). Ils ont transformé les détaillants d'essence en sociétés de relations publiques et transformé le discours forcé en une source de revenus.

Quelles que soient les opinions que l'on a sur la question de la taxe carbone, nous devrions tous nous inquiéter lorsque le gouvernement commencera à utiliser la loi pour forcer des entités privées à suivre leur ligne. L'ACLC se battra contre cette proposition et toute autre tentative de l'État d'enrôler les Canadiens pour diffuser des messages à leur intention. La liberté d'expression signifie l'absence de restrictions gouvernementales déraisonnables sur notre discours, mais cela signifie également l'absence de contrainte gouvernementale déraisonnable. La nouvelle mesure de taxe sur le carbone en Ontario a dépassé les bornes.

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

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