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Plus tôt cet été, l'Association canadienne des libertés civiles et un certain nombre d'autres groupes a exhorté le gouvernement fédéral à imposer des limites immédiates à l'utilisation des piles sèches – une forme d'emprisonnement que le Bureau de l'enquêteur correctionnel a qualifiée de « la plus dégradante, austère et restrictive qu'on puisse imaginer dans les services correctionnels fédéraux ».   

Malheureusement, les changements juridiques qui s'imposaient n'ont pas été apportés. Au lieu de cela, on nous a dit que le gouvernement poursuivrait une directive ministérielle et des règlements pour mettre en place les garanties essentielles.   

Hier la directive ministérielle a été émise. La directive demande au SCC de respecter les dispositions existantes avec des directives concernant les exigences en matière de rapports pour les directeurs d'établissement. Toutefois, elle ne limite pas la durée pendant laquelle une personne peut être détenue dans une cellule sèche. Il n'exige pas non plus que les autorités acceptent les demandes des prisonniers pour un scanner corporel ou une radiographie afin qu'ils montrent qu'ils ne transportent aucune contrebande.  

Comme indiqué dans notre communiqué de presse conjoint, il est encourageant que le gouvernement fédéral ait reconnu le besoin urgent de changement. C'est la première fois, à notre connaissance, que le ministre donne ce genre d'instruction au Service correctionnel du Canada. C'est une indication de la gravité de la situation. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour remédier aux dommages continus causés par les piles sèches.   

Que sont les cellules sèches ?  

Les cellules sèches sont une forme d'isolement où un prisonnier est fouillé à nu puis placé seul dans une cellule avec les lumières constamment allumées et sans chasse d'eau ni eau courante. Le prisonnier est constamment surveillé à travers une fenêtre ou une caméra de sécurité et le personnel est tenu d'observer et de documenter tout le temps pendant lequel le prisonnier est aux toilettes et de rechercher de la contrebande à chaque selle.   

Les conditions et l'impact que cette forme d'isolement cellulaire a sur les gens sont épouvantables. Lisa Adams, qui en 2021 a remporté une contestation constitutionnelle pour son placement dans une cellule sèche, a été détenue dans une cellule sèche pendant plus de deux semaines. Quatre jours après le début de sa détention, des notes prises par le personnel pénitentiaire indiquaient qu'elle faisait face à une "grande détresse mentale" en raison du manque d'intimité qui lui était accordée lorsqu'elle urinait ou tentait d'aller à la selle. Sa santé mentale s'est rapidement détériorée et, à la fin de son placement, les dossiers de l'établissement ont confirmé qu'elle se balançait à plusieurs reprises, pleurait, tirait ses cheveux, était dissociée, incapable de communiquer et avait apparemment des hallucinations. Après près de deux semaines d'isolement, elle a subi un examen pelvien, qui a révélé qu'elle n'avait pas de contrebande dans son vagin ; elle a été libérée de la cellule sèche deux jours plus tard.   

Dans une poursuite distincte contre le Canada qui n'a pas encore été portée devant les tribunaux, Michael Farrell a subi de tels mauvais traitements dans sa cellule sèche qu'il a tenté de se suicider à trois reprises et a presque réussi. Il a plaidé pour une radiographie pour montrer qu'il n'avait pas de contrebande en lui, en vain. Les pires expériences de cellule sèche sont souvent pour des individus innocents comme Mme Adams et M. Farrell. Ils sont détenus le plus longtemps car ils n'ont rien à expulser.  

Que doit-il se passer ?  

Il y a plus de dix ans, l'enquêteur correctionnel fédéral a demandé une limite stricte de 72 heures pour les placements en cellule sèche; cet appel a été répété en 2020 - et encore une fois, aucune mesure n'a été prise.  

Même après une contestation constitutionnelle réussie qui a forcé le gouvernement à changer la loi, le gouvernement a adopté les amendements les plus étroits possibles pour répondre à la décision constitutionnelle.  

Le ministre de la Sécurité publique a annoncé qu'ils travaillaient sur des règlements. Il est plus que temps de fixer des limites légales significatives qui empêcheraient l'utilisation inutile et prolongée des piles sèches.  

Le pouvoir du gouvernement d'emprisonner une personne est, en soi, une privation extrême de liberté. Les cellules sèches sont l'un des actes les plus indignes et invasifs commis par les autorités pénitentiaires. L'ACLC continuera de défendre les droits et la dignité de toutes les personnes au Canada.  

Vous pouvez lire les soumissions précédentes de l'ACLC sur les piles sèches ICI. 

Lire notre communiqué de presse conjoint réagissant à la directive ministérielle ICI. 

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

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