Si jamais vous vous inquiétiez du fichage, du profilage racial et social conduisant à une collecte massive de données sur les personnes marginalisées, ce serait le bon moment pour vos préoccupations. Le 31 mars, la province a publié un nouveau décret en conseil d'urgence qui permet aux policiers et aux agents d'application des règlements d'exiger votre nom, votre adresse et votre date de naissance s'ils ont des motifs raisonnables et probables de croire que vous avez enfreint l'une des nombreuses nouvelles mesures d'urgence. ordres. De plus, l'Ordre précise que si la demande a été faite, vous devez vous y conformer ; tandis que les nombreuses protections contre le fichage que les communautés et les militants (et l'ACLC) luttent depuis des années ne sont nulle part en vue.
Bien que nous comprenions certainement l'énormité de la pandémie et de la tâche de la province pour essayer de la contenir, autoriser la police et les agents des règlements municipaux ce genre de pouvoir, sans autre contrainte, sans responsabilité et sans protection de la vie privée, pourrait conduire à une police de masse base de données des proportions que cette province n'a jamais vues auparavant.
Après tout, alors que la norme des « motifs raisonnables et probables » est assez claire, les restrictions dans les ordonnances d'urgence sont tout sauf. Il n'est peut-être pas difficile de nos jours d'enfreindre – ou de paraître enfreindre – l'une des nombreuses nouvelles règles, que ce soit en étant à l'extérieur avec sa famille, en s'arrêtant à une distance de sécurité pour saluer un voisin ou en faisant son exercice quotidien dans un quartier densément peuplé. Comment les policiers et les agents des règlements (peut-être moins bien formés) le sauront-ils? Plus préoccupant encore : comment les individus et le public sauront-ils si une loi a été violée, ou si la norme requise des motifs raisonnables et probables a été respectée ? En l'absence de mesures de reddition de comptes, est-ce que quelqu'un cherchera à voir si l'agent avait raison ou tort ? s'ils agissaient par parti pris inconscient ? Si les agents ne sont pas tenus de conserver des dossiers sur leur propre conduite - y compris qui ils arrêtent - et s'il n'y a pas d'exigence de signalement public, comment pouvons-nous nous assurer que les agents n'arrêtent pas de manière disproportionnée les personnes racialisées, souffrant de troubles de santé mentale ou est un jeune avec un style vestimentaire particulier ? Sans transparence, comment savoir où les agents sont déployés, sur quelle base et quelles mesures (le cas échéant) sont utilisées pour prévenir la discrimination.
Une fois qu'une demande a été donnée, l'individu doit s'y conformer, mais l'ordonnance d'urgence énonçant cette exigence douteuse n'exige pas que les agents informent les gens de la raison de l'arrêt ; ou de leur fournir une copie conforme des informations enregistrées – pas même un reçu avec le nom de l'agent, et encore moins des liens vers des informations sur les plaintes, la vie privée et les droits de l'homme. Si les agents ne sont pas tenus d'enregistrer la raison de l'interpellation et son résultat, et s'il n'y a pas de transparence, comment le public peut-il savoir si cette activité était pour un motif légitime ?
Plus préoccupant encore, une fois les données collectées, l'ordonnance d'urgence ne dit rien sur l'endroit où elles seront stockées, pendant combien de temps et comment les faire effacer (le cas échéant).
Dans la lutte contre une pandémie, la collecte de données individuelles en masse n'est pas la seule option, et on peut se demander à quel point cela peut être utile ou efficace. Sans cet arrêté, les agents peuvent toujours éduquer, avertir, disperser des rassemblements et entreprendre d'autres formes de maintien de l'ordre raisonnable, et les agents de police peuvent toujours arrêter des individus si nécessaire.
Au mieux, ce nouvel Ordre est imprudent et dangereux. Au pire, cela pourrait être perçu comme une tentative effrontée de réanimer le fichage et de reconstituer une base de données avec des informations sur les habitants de cette ville, et en particulier sur les personnes racialisées, autochtones, sans-abri, ayant des problèmes de santé mentale ou sont par ailleurs marginalisés.
L'ACLC et bien d'autres ont lutté longtemps et durement contre le profilage racial et social. Lutter contre une pandémie ne peut pas et ne justifie pas des mesures discutables et excessives sans contraintes pour protéger les droits des personnes.
Noa Mendelsohn Aviv
Directeur de l'égalité
À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles
L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.
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