Skip to main content
search

L'Honorable Ralph Goodale
Ministre de la sécurité publique
269, avenue Laurier ouest
Ottawa, Ontario K1A 0P8

 

le 31 janvier 2017

 

Monsieur le Ministre,

Nous demandons qu'il soit urgent de revoir les directives ministérielles émises par le gouvernement précédent concernant la torture, et ceci afin de rendre le droit international qui interdit la torture de manière absolue.

Ce faisant, le gouvernement du Canada enverrait dès maintenant un message clair à la communauté internationale, à savoir qu'en aucune circonstance, le Canada n'utilisera des renseignements provenant de pays étrangers qui pourraient être obtenus sous la torture ou ne partager aucun renseignement susceptibles de mener à la torture.

Comme vous le savez, en 2011, le gouvernement a émis des directives ministérielles qui permettent aux agences de sécurité canadiennes, dans des circonstances exceptionnelles, de recevoir et d'utiliser les renseignements obtenus sous la torture par un pays étranger. Ces mêmes directives énonçaient dans quelles circonstances les agences canadiennes ont pu partager des renseignements avec des pays connus pour leurs violations des droits humains, même lorsque cela mènerait à la torture.

Il ya un an, vous êtes engagé à revoir ces directives. Nous espérons vivement que, après mure réflexion, vous allez faire les révisions nécessaires pour respecter l'engagement que le Canada a pris au niveau international de s'opposer à la torture, en toutes circonstances, sans exception. Ceci serait en ligne droite avec les mesures prises récemment par le gouvernement pour ratifier le protocole optionnel de la Convention contre la torture des Nations Unies afin de combattre et d'éliminer la torture.

Il y a dix ans, la Commission d'enquête dans l'affaire Maher Arar a clairement démontré que le partage bilatéral inconsidéré de renseignements peut mener – et mène effectivement – à la torture. Le Commissaire Dennis O'Connor a notamment recommandé que les agences canadiennes ne partagent jamais de renseignements si cela est susceptible de mener à la torture. Les Directives ministérielles seront appelées à l'encontre de cette recommandation. Le rapport de la Commission Iacobucci qui a examiné les cas d'Abdullah Almalki, d'Ahmad Abou-Elmaati et de Muayyed Nureddin a également fait ressortir le danger de partager des renseignements sans tenir compte des risques de torture.

Au-delà de ces constats et recommandations au niveau national, nous tenons à dépasser également votre attention sur le fait que le Comité contre la torture – l'instance des Nations Unies responsable de s'assurer que les États déclarent leur obligation de mettre fin à la torture – a également fait partie de ses préoccupations. Lors de l'examen du Canada en 2012, le Comité a demandé au Canada de modifier les Directives ministérielles pour les rendre conformes à ses obligations internationales.

Les gestes posés par le Canada sont d'autant plus urgents dans le contexte international actuel. Cette semaine, le New York Times rapportait que l'administration des États-Unis envisage de revoir l'utilisation des prisons secrètes de la CIA. Le même jour, le Président Donald Trump a dit au réseau ABC qu'il est ouvert à un retour à la torture lors d'interrogatoires, déclarant que « la torture, ça fonctionne ». Ces deux révélations soulèvent de graves inquiétudes à l'effet que le partage de renseignements entre nos deux pays ont à nouveau comme toile de fond la torture.

Ainsi, nous vous convions à modifier les directives ministérielles en accord avec le droit international et à adopter une législation pour interdire clairement le partage de renseignements pouvant avoir été obtenu sous la torture ou éventuellement mener à la torture. La population de Canada s'attend à une position claire de la part du gouvernement sur cette question.

Cordialement,

Amnistie internationale Canada

Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique

Association Canadienne des libertés civiles

Association canadienne des avocats musulmans

Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles

Ligue des droits et libertés

Conseil national des musulmans canadiens

Médias ouverts

version anglaise ICI.

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

Pour les médias

Pour d'autres commentaires, veuillez nous contacter à media@ccla.org.

Pour les mises à jour en direct

Veuillez continuer à vous référer à cette page et à nos plateformes de médias sociaux. On est dessus InstagramFacebook, et Twitter.

Close Menu
fr_CAFrançais du Canada