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Utilisation récente de la technologie de reconnaissance faciale au Canada 

La technologie de reconnaissance faciale (FRT) est un type de technologie de reconnaissance biométrique qui utilise l'intelligence artificielle (IA) pour identifier les individus à travers leurs traits faciaux. En l'absence d'orientation législative explicite, des entités publiques et privées, y compris les autorités de sécurité publique et les sociétés de vente au détail, ont régulièrement violé les droits à la vie privée des Canadiens en utilisant le FRT pour la surveillance de masse des personnes dans leur vie quotidienne. La prolifération des FRT menace l'anonymat et les droits humains des individus. De plus, ses problèmes de précision généralisés présentent des risques accrus pour les communautés méritant l'équité.

Les impacts du FRT deviennent plus élevés selon le contexte dans lequel ils sont déployés et sont de plus en plus adoptés par les services de police, les autorités de l'immigration, les universités et les détaillants à travers le Canada.

Certaines de ses utilisations récentes connues incluent:

  • Une enquête menée par le Commissaire à la protection de la vie privée du Canada (OPC), en partenariat avec ses homologues provinciaux du Québec, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique, a conclu que la GRC avait enfreint le droit à la vie privée des Canadiens en utilisant le logiciel FR de Clearview AI. Clearview AI a créé et maintenu une base de données de plus de 3 milliards d'images extraites d'Internet sans le consentement des individus. La GRC a utilisé la base de données pour apparier des photographies d'individus avec les images stockées, ce qui a donné lieu à des Canadiens faisant l'objet d'une file d'attente de la police « 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ». De plus, le CPVP a conclu que Clearview AI avait enfreint les lois provinciales et fédérales sur la protection de la vie privée en omettant d'obtenir le consentement pour l'utilisation et la divulgation des renseignements personnels des individus, ce qui a entraîné une surveillance massive des Canadiens.
  • Le commissaire à la protection de la vie privée du Canada a confirmé que Cadillac Fairview avait soumis des Canadiens à une analyse FRT sans en informer correctement ni obtenir un consentement valide des acheteurs dans les magasins de détail à travers le pays. Des caméras cachées ont été installées dans des kiosques d'information numériques dans des centres commerciaux à travers le Canada et ont capturé les images de plus de 5 millions d'acheteurs. Ces images ont été analysées pour générer des informations personnelles supplémentaires sur chaque acheteur, y compris l'âge et le sexe estimés, et les images ont été stockées dans la base de données centralisée d'un tiers.
  • Le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration a peut-être utilisé le logiciel FR interdit de Clearview AI pour refuser de récentes demandes d'asile. Dans le cas de Barre c. Canada, les résultats de l'analyse FR ont été contestés par les demandeurs d'asile pour les avoir mal identifiés et critiqués pour les préjugés raciaux et sexistes sous-jacents de la technologie. La Cour fédérale a conclu que les arguments des demandeurs d'asile et l'absence de divulgation de preuves par le ministre justifiaient un examen de leurs demandes d'asile.
  • Le FRT est de plus en plus utilisé par les autorités pour valider l'authenticité des renseignements personnels fournis à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). Il a été utilisé avec succès comme preuve pour révoquer ou refuser des passeports canadiens, refuser des demandes de visa et expulser des personnes du Canada.
  • Dans R c.Flintory, une photographie soumise à Citoyenneté et Immigration Canada (CIC) à des fins d'analyse par le FRT a été utilisée illégalement par le service de police de Vancouver pour identifier un suspect dans une affaire de trafic de drogue. Le tribunal a estimé que le droit du défendeur à la protection contre les perquisitions et saisies abusives avait été violé. La photographie contenant les renseignements personnels du défendeur a été soumise à Passeport Canada à des fins liées aux questions de passeport et de voyage, et il n'était donc pas raisonnable que l'État obtienne les renseignements sur l'identité dans le cadre d'une enquête criminelle sans aucune mesure pour réglementer leur accès (c.-à-d. l'obtention d'un mandat de perquisition).
  • Les autorités provinciales de l'Ontario, de la Saskatchewan, de l'Alberta, du Manitoba et de la Colombie-Britannique utilisent de plus en plus le FRT et maintiennent des bases de données pour authentifier l'identité des personnes pour les permis de conduire et autres pièces d'identité. Depuis 2009, le ministère des Transports de l'Ontario (MTO) utilise la reconnaissance faciale pour filtrer les individus afin d'assurer un dossier par conducteur afin de lutter contre la fraude d'identité.
  • Fait inquiétant, les services de police ont accédé aux bases de données du MTO sans mandat – ou sans aucune loi leur permettant de le faire – lors d'une enquête sur un véhicule à moteur. L'accusé, M. Voong, partageait des similitudes faciales avec plusieurs autres personnes d'origine est-asiatique dont les photos étaient stockées dans la base de données du MTO. Trois ans et plusieurs audiences plus tard, M. Voong n'a finalement jamais été reconnu coupable d'aucun crime. Son histoire est importante car elle offre une fenêtre sur l'utilisation non réglementée par les forces de l'ordre d'une technologie apparemment «neutre» pour perpétrer la discrimination et les préjudices dont sont régulièrement victimes les personnes de couleur et d'autres minorités au Canada.
  • Le Service de police d'Ottawa, en plus d'autres corps policiers de l'Ontario, utilise l'outil de recherche Traffic Jam dans les cas de traite de personnes. Traffic Jam recherche sur Internet des publicités de services d'escorte et fait correspondre les traits du visage des individus aux photographies fournies par les forces de l'ordre.
  • En Alberta, le service de police d'Edmonton a utilisé le FRT dans son programme de surveillance de l'alcool des employés pour valider l'identité des individus. Un employé a été soumis à des tests via Soberlink, un appareil portable qui effectue une analyse d'alcoolémie et une authentification d'identité via FRT, trois fois par jour. Un comité d'arbitrage a conclu que la fréquence à laquelle l'alcootest était utilisé entraînait une violation du droit à la vie privée de l'individu.
  • Il a été rapporté que plusieurs détaillants utilisent le FRT dans leurs emplacements à travers le Canada. Pour lutter contre le vol à l'étalage, Canadian Tire connu pour utiliser FRT dans environ 15% de ses sites à l'échelle nationale. La chaîne d'épiceries Foody Mart était signalé qu'il envisageait l'introduction d'un système de paiement soutenu par des appareils de reconnaissance faciale fabriqués en Chine dans ses magasins à travers le Canada. Le système proposé serait sans carte – les acheteurs seraient invités à créer un profil, puis leur visage serait scanné à la caisse pour valider leur identité.
  • Depuis 2004, la British Columbia Lottery Corporation (BCLC) a déployé FRT dans tous les casinos de la province. En 2009, la province a lancé un programme d'auto-exclusion volontaire qui vise à limiter l'accès des individus aux installations de jeu en installant des dispositifs FR à l'entrée des casinos. À l'aide d'images fournies volontairement, le logiciel est censé identifier les personnes ayant des problèmes de jeu. Cependant, plus d'une décennie plus tard, des examens de la technologie ont montré que les résultats du FRT ne sont pas fiables et ont entraîné plusieurs poursuites intentées par des membres du programme qui ont été identifiés sans succès et ont obtenu l'accès aux casinos.
  • La pandémie de Covid-19 a conduit les écoles postsecondaires à passer leurs examens en ligne. De nombreux établissements se sont ensuite abonnés à des sociétés de surveillance des examens telles que Procotrak et Proctorio qui utilisent la technologie de reconnaissance faciale pour authentifier l'identité des étudiants via des flux vidéo en direct des examens.
  • Avant les élections fédérales de 2021, le Parti libéral du Canada a utilisé l'outil de reconnaissance faciale de correspondance individuelle de la société de technologie américaine Jumio dans son processus de vote pour l'investiture. L'outil de vérification d'identité numérique de Jumio fonctionne en comparant les documents d'identité d'un individu (comme un passeport ou un permis de conduire) à une image capturée en direct pour valider son identité, ainsi que sa présence active. L'utilisation de cette technologie potentiellement défectueuse et discriminatoire dans le contexte d'une élection canadienne comportait des risques élevés parce qu'elle s'inscrivait dans un processus qui est au cœur de la démocratie populaire. Le commissaire à l'information et à la protection de la vie privée de la Colombie-Britannique a depuis lancé une enquête pour déterminer si l'utilisation de la technologie est conforme à la législation sur la protection de la vie privée de la Colombie-Britannique.
  • Cet article a été recherché et rédigé par Alessandra Puopolo, coordonnatrice de projet pour le projet de reconnaissance faciale du programme de protection de la vie privée, de technologie et de surveillance de l'ACLC.

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

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