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Le gouvernement doit mettre fin à l'isolement des prisonniers souffrant de troubles mentaux

Toronto, ON – 22 mars 2010 –

Les prisons canadiennes doivent réévaluer radicalement leur utilisation de l'isolement cellulaire, en particulier en ce qui concerne les personnes atteintes de maladie mentale, a déclaré l'Association canadienne des libertés civiles dans une lettre envoyée au ministre de la Sécurité publique. L'ACLC s'est jointe à d'autres groupes concernés, la Criminal Lawyers Association, l'Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry, la Société John Howard du Canada, la BC Civil Liberties Association et les Sociétés de la schizophrénie de l'Ontario et du Canada, pour exprimer leur préoccupation au sujet de la pratique de l'isolement cellulaire dans notre pays.

Le rapport de l'enquêteur correctionnel de 2008 sur la mort d'Ashley Smith, qui s'est suicidée dans sa cellule d'isolement sous le regard de ses gardiens, a mis en lumière les ressources inadéquates en santé mentale dans les prisons, le recours à l'isolement pour gérer la maladie mentale et les effets néfastes que l'isolement peut avoir sur santé mentale. L'isolement des détenus souffrant de troubles mentaux s'est toutefois poursuivi et il semble maintenant qu'un autre cas fait surface en Saskatchewan, où une femme atteinte de maladie mentale grave a été placée en isolement et soumise à des contraintes physiques pendant plus d'un mois.

« C'est un enjeu, a déclaré Nathalie Des Rosiers, que le gouvernement canadien ne peut plus se permettre d'ignorer. Nos prisons relèguent de plus en plus des individus à l'isolement – une restriction sévère à la liberté d'une personne – sans contrôle indépendant significatif. Les garanties et les mécanismes de surveillance actuellement en place sont inadéquats et ne s'appliquent tout simplement pas à une partie croissante de la population carcérale isolée. Les institutions destinées à promouvoir l'ordre public doivent elles-mêmes être régies par des lois adéquates.

« Nous sommes particulièrement préoccupés par l'impact que des périodes importantes d'isolement et de privation ont sur les personnes souffrant de problèmes de santé mentale. En l'absence de ressources adéquates en santé mentale, nos prisons gèrent la maladie mentale au moyen d'un isolement prolongé. Selon les mots de l'enquêteur correctionnel fédéral du Canada, cette pratique n'est « pas sécuritaire, ni humaine ». »

Au cours des dix dernières années, des mesures visant à réformer le recours à l'isolement cellulaire ont été réclamées dans de nombreux rapports de groupes de travail, de commissions et de médiateurs gouvernementaux. Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants a approuvé la recommandation selon laquelle les détenus souffrant de troubles mentaux ne devraient jamais être placés à l'isolement. Les tribunaux des États-Unis ont conclu qu'un tel traitement constitue une peine cruelle et inusitée. Au Canada, le rapport du Bureau de l'enquêteur correctionnel de 2008-2009 indique que la prévalence de délinquants ayant des problèmes de santé mentale importants au moment de l'admission a doublé au cours des cinq dernières années, et les statistiques montrent que le nombre d'incidents d'automutilation signalés dans les la détention a doublé au cours des deux dernières années. Alors que ces problèmes apparaissent de plus en plus souvent dans nos prisons, nous devons reconnaître que l'isolement cellulaire n'est pas une solution.

L'inquiétude suscitée par le recours injustifié de Corrections Canada à l'isolement cellulaire n'est pas un nouveau problème. Près de 14 ans se sont écoulés depuis que la juge Arbour a conclu que « la gestion de l'isolement préventif que j'ai observée est incompatible avec la culture de la Charte qui imprègne d'autres branches de l'administration de la justice pénale ». Elle a continué à insister sur le fait qu'il n'y avait « pas d'autre alternative à l'abus actuel de l'isolement prolongé que de recommander qu'il soit placé sous le contrôle et la supervision des tribunaux ».

Le Service correctionnel du Canada (SCC) n'a pas mis en œuvre les examens indépendants recommandés. En plus du nombre croissant de détenus soumis à l'isolement, la durée moyenne du séjour à l'isolement a considérablement augmenté au cours des dix dernières années. De plus, le SCC utilise de plus en plus des « unités de transition » pour loger les détenus. Ces unités de transition, que le bureau de l'enquêteur correctionnel a appelées « isolement sous un autre nom », ne sont soumises à aucun examen ni procédure régulière. Il n'y a pas de statistiques disponibles sur les détenus détenus dans des « unités de transition », suggérant des taux d'isolement cellulaire encore plus élevés que ceux officiellement publiés. Ce manque de processus juridique et de transparence exige un examen et une réforme de la pratique actuelle de l'isolement cellulaire dans les prisons canadiennes

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

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