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28 octobre 2020

Dr Brent Roussin
Administrateur en chef provincial de la santé publique
4003 – 300, rue Carlton
Winnipeg (Manitoba) R3B 3M9
Brent.Roussin@gov.mb.ca

Hon. Cameron Friesen
Ministre de la Santé, des Aînés et de la Vie active
Salle 302 Édifice de l'Assemblée législative
450 Broadway
Winnipeg (Manitoba) R3C 0V8
minhsal@leg.gov.mb.ca

28 octobre 2020

Cher Dr Roussin et Ministre Friesen,

Je vous écris au nom de l'Association canadienne des libertés civiles (ACLC), à la recherche d'informations sur l'ordonnance d'auto-isolement de la province pour les personnes entrant au Manitoba. L'ACLC est un organisme national d'intérêt public à but non lucratif qui œuvre à la protection et à la promotion des droits et libertés fondamentaux dans tout le pays. Depuis le début de la pandémie, nous nous engageons auprès des gouvernements dans le but de garantir que les réponses juridiques et politiques à la COVID-19 soient fondées sur des preuves et ne restreignent pas indûment les droits et libertés protégés par la Constitution.

La province du Manitoba a actuellement une exigence d'auto-isolement pour les personnes entrant dans la province en provenance de certaines parties du pays, mais pas d'autres. Les personnes arrivant de l'ouest du Canada ou du nord-ouest de l'Ontario ne sont pas tenues de s'isoler, tandis que celles qui arrivent d'autres régions du pays doivent le faire pendant une période de 14 jours, sous réserve de certaines exceptions énumérées. D'après notre examen des commandes passées, il semble que cette exigence soit en place depuis la fin juin. L'ordonnance a été modifiée et renouvelée récemment, à la mi-octobre.
Bien que nous comprenions que la pandémie de COVID-19 présente aux gouvernements des défis uniques, nous sommes de plus en plus préoccupés par les ordonnances provinciales et territoriales qui érigent des barrières à l'entrée d'autres Canadiens. Dans certains cas, comme dans le cas de la « bulle atlantique », les déplacements dans la province sont restreints en l'absence d'une exemption spécifique. Comme vous le savez peut-être, l'ACLC a lancé une contestation judiciaire des restrictions de Terre-Neuve-et-Labrador et la Cour suprême de cette province a récemment déterminé qu'elles violaient les droits de mobilité protégés par l'article 6 de la Charte canadienne des droits et libertés, mais a jugé que ces restrictions étaient raisonnables et justifiées. Un appel de cette décision est en cours.

Bien qu'une exigence d'auto-isolement soit une mesure moins illicite qu'une interdiction pure et simple de voyager, à notre avis, les deux constituent des restrictions aux droits de mobilité qui doivent être justifiées - sur la base de preuves et de raisons. Lorsque le Manitoba a levé pour la première fois l'exigence d'auto-isolement pour certains voyageurs canadiens en juin, il semble que les provinces de l'Ouest du Canada avaient des taux de cas actifs bien inférieurs à ceux de certaines provinces de l'Est. Vraisemblablement, cela a motivé l'adoption de l'approche énoncée dans l'ordonnance d'auto-isolement. Par exemple, au 10 juin 2020, le Manitoba comptait 0,58 cas actifs pour 100 000 habitants. Le chiffre comparable en Colombie-Britannique était de 3,65, 8,49 en Alberta et 1,79 en Saskatchewan. Ce taux a été comparé à un taux de 23,93 en Ontario et de 334,93 au Québec. Il convient toutefois de noter que même en juin, plusieurs provinces de l'Atlantique et tous les territoires avaient des taux de cas actifs inférieurs à ceux du Manitoba. Malgré ce fait, ceux qui se rendaient au Manitoba à partir de ces endroits devaient s'isoler à leur arrivée.

Plus récemment, les chiffres montrent une image différente et jettent le doute sur la justification continue du traitement différentiel de la province envers ceux qui arrivent de différentes régions du pays. Au 10 octobre 2020, le Manitoba comptait 74,26 cas actifs pour 100 000 habitants. Ce chiffre était plus élevé que dans n'importe quelle province, à l'exception du Québec, et presque le double du taux de l'Ontario (39,5). Compte tenu du changement substantiel des chiffres et de l'incidence du COVID-19 dans tout le pays, nous suggérons que les lignes tracées en juin pourraient ne plus être tenables, si elles l'étaient jamais.

Comme votre procureur général le sait bien, les restrictions aux droits constitutionnels doivent être « manifestement justifiées », de sorte que vous devriez avoir des preuves justifiant votre restriction des droits de mobilité des Canadiens. Nous demandons que cette preuve soit divulguée au public. En particulier, nous vous écrivons pour demander la justification et les preuves de la réglementation exigeant que certains voyageurs s'auto-isolent, même s'ils arrivent d'endroits où l'incidence de COVID est plus faible que le Manitoba.

Nous attendons votre réponse.

Sincèrement,

Cara Faith Zwibel
Directeur, Programme des libertés fondamentales

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

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