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17 avril 2020

La ministre de la Justice Caroline Wawzonek
Ministère de la Justice, Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest
4903 49th Street PO Box 1320 Yellowknife, NT X1A 2L9

PAR EMAIL

Cher Ministre Wawzonek,

Je vous écris au sujet de l'ordonnance émise par l'administrateur en chef de la santé publique des Territoires du Nord-Ouest le 10 avril 2020, ci-joint pour votre référence. Nous sommes très préoccupés par la constitutionnalité de ce décret. Bien que nous comprenions que la gestion de la santé publique dans les Territoires du Nord-Ouest mérite le respect de l'expertise locale, la constitution établit une norme plus élevée pour la nécessité, la clarté et la proportionnalité des ordonnances que celle que l'on trouve dans celle signée par le Dr Kandola. Cette ordonnance limite les droits et libertés constitutionnels des personnes d'une manière trop large et disproportionnée.

Nous sommes particulièrement préoccupés par les interdictions de rassemblements publics et privés en plein air contenues aux art. 1(b) et 1(c).

Premièrement, il n'y a pas de définition d'un rassemblement public ou privé. Qu'est-ce qu'un rassemblement ? Et quelle est la caractéristique déterminante d'un rassemblement public, par opposition à un rassemblement privé ? Est-ce le lieu physique du rassemblement, s'il a été organisé ou annoncé publiquement, si les participants se connaissent, etc. ? L'absence de définition de ces termes clés rend ces interdictions inacceptablement vagues.

Deuxièmement, parce qu'il n'y a pas d'exceptions à ces dispositions relatives aux rassemblements en plein air, à première vue, elles interdisent un très large éventail de comportements – et nous dirions d'une manière injustifiée large. Dans presque toutes les définitions des rassemblements publics et privés en plein air, l'absence d'exemptions est problématique. Il apparaît, par exemple, que les ambulanciers qui assistent un individu à l'extérieur ne peuvent « se rassembler » que s'ils maintiennent une distance minimale de 2 mètres. Que les travaux de construction d'infrastructures extérieures essentielles doivent se dérouler avec moins de 10 travailleurs. Qu'un parent et un enfant, d'un même foyer, ne puissent se promener dans la rue à moins de maintenir une distance de 2 mètres l'un de l'autre en tout temps. Que des files de 10 personnes espacées de manière appropriée à l'extérieur des magasins de détail ou des services essentiels soient inacceptables. Que deux adultes d'un même foyer ne puissent pas marcher dans la rue en se tenant la main.

Nous ne pensons pas, sur la base des déclarations des médias, qu'aucun de ces résultats n'était voulu. Il est essentiel, en particulier à un moment où les libertés fondamentales des individus sont si sévèrement restreintes, que les ordonnances soient rédigées avec soin et précision. Ne pas le faire sape la légalité de l'ordonnance, crée de la confusion et ouvre la porte à une exécution arbitraire et discriminatoire.

Nous vous exhortons à revoir attentivement le texte du décret et à apporter les modifications nécessaires afin qu'il reflète mieux ce que nous présumons être l'intention du gouvernement.

Merci de votre attention à cette question.

Sincèrement,

Abby Deshman
Directeur, Programme de justice pénale
Association canadienne des libertés civiles

MISE À JOUR : 27 avril –  Réponse du ministre Wawzonek aux préoccupations de l'ACLC concernant le décret sur la santé publique

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