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Plusieurs gouvernements provinciaux utilisent la clause dérogatoire pour contrevenir à d'importants droits et libertés fondamentaux protégés par la Charte. Signez notre pétition dès maintenant pour dire aux gouvernements qu'ils ne devraient pas utiliser la clause dérogatoire pour violer nos droits et libertés.

Signez notre pétition

Quel est le problème ?

Pourquoi la clause dérogatoire est-elle si dangereuse ?

La Charte canadienne des droits et libertés protège les droits et libertés clés de tout le monde au Canada. Ces droits sont essentiels pour préserver le statut du Canada en tant que société démocratique où nous pouvons vivre nos vies librement.

Pourtant, si certains des droits les plus importants prévus à la Charte étaient des cartes à jouer, la clause dérogatoire serait le Joker qui les surpasserait tous.

L'article 33 de la Charte, communément appelé « clause dérogatoire », donne au législateur la possibilité d'ignorer d'importants droits et libertés fondamentaux protégés par la Charte.

Lorsqu'elle est invoquée, cette clause empêche les tribunaux d'annuler des lois violant certains droits garantis à la Charte.

Les droits soumis à la clause dérogatoire sont loin d'être insignifiants. Les articles 2 et 7 à 15 de la Charte comprennent certains des principes les plus fondamentaux et les plus essentiels à une société libre et démocratique.

Certains de ces droits sont omniprésents dans la vie quotidienne. Ils permettent à tout le monde :

  • de s'exprimer librement sur des sujets qui leur tiennent à cœur, quelles que soient leurs opinions, aspirations et convictions politiques;
  • de manifester pacifiquement pour défendre leur vision d'un monde meilleur;
  • d’exercer librement leur religion; et
  • de négocier collectivement pour obtenir de meilleures conditions de travail.

D'autres droits couverts par la Charte ont pour but de protéger les individus lorsqu’ils sont à leur plus vulnérable :

  • Ces droits garantissent que chacun est traité de manière égale par la loi.
  • Ils protègent la vie, la liberté et la sécurité de tous, quels que soient leurs antécédents ou leur situation personnelle.
  • Ils garantissent que les personnes ne sont pas détenues arbitrairement et qu'elles sont présumées innocentes jusqu'à ce que leur culpabilité soit prouvée.

Puisque ces droits et libertés sont si fondamentaux pour chacun d'entre nous, certains pourraient se demander pourquoi la clause dérogatoire existe. La réponse à cette question est qu’elle résulte d'un compromis politique.

En 1981, lors de l’élaboration de notre Charte, le gouvernement fédéral, l'Ontario et le Nouveau-Brunswick étaient favorables à l'établissement d'une charte nationale des droits, tandis que les autres provinces s'y opposaient, préférant laisser le dernier mot au législateur. L'article 33 fut considéré comme un moyen de sortir de cette impasse.

Plusieurs élus directement impliqués dans les négociations en 1981 ont depuis confirmé que la clause dérogatoire n'a jamais eu pour but de contourner le processus judiciaire habituel, ni d'être utilisée régulièrement par un gouvernement pour passer outre à la règle de droit :

« La clause dérogatoire n’avait pour seul but que de servir dans les cas exceptionnellement rares où une province voulait mettre en place une prestation ou un programme particulier pour une partie de sa population — les personnes d’un certain âge, par exemple — qui aurait pu sembler discriminatoire en vertu de la Charte. »

– Ancien premier ministre de l’Ontario, 1971-1985

« Cette clause a été conçue pour être invoquée par les législatures dans des situations exceptionnelles, et seulement en dernier recours après mûre réflexion. Elle n’a pas été conçue pour être utilisée par les gouvernements comme une commodité ou comme un moyen de contourner la procédure appropriée. »

– Anciens procureurs généraux du Canada, de la Saskatchewan et de l'Ontario, 1981

La clause dérogatoire était censée être un dernier recours, et non un moyen pour les gouvernements de se défiler à l’avance de la protection des droits garantis par la Charte. Il est alarmant de constater de l'histoire récente que certains gouvernements provinciaux n’hésitent plus à s'écarter de cet objectif initial. Nous devrions tous nous méfier de la normalisation de l'utilisation de cette clause dangereuse pour déroger à des droits et libertés importants.

Comment la clause dérogatoire est-elle utilisée ?

Pendant près de 40 ans, la plupart des gouvernements se sont abstenus d'utiliser la clause dérogatoire.

Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Ces dernières années, plusieurs gouvernements provinciaux ont utilisé ou tenté d'utiliser cette clause pour :

  • empêcher les travailleurs du milieu de l'éducation de faire la grève;
  • interdire à certains fonctionnaires provinciaux de porter des symboles religieux;
  • empêcher les jeunes transgenres d'utiliser les noms et pronoms de leur choix dans les écoles; et
  • limiter les dépenses politiques des tiers avant les élections.

Si les gouvernements peuvent utiliser la clause dérogatoire sans conséquence, ils n'hésiteront pas à le faire encore et encore. Si nos droits et libertés peuvent facilement être ignorés, notre Charte est en danger.

Cela devrait préoccuper tout le monde. Les gouvernements pourraient un jour décider d'utiliser la clause dérogatoire pour interdire les discours critiques à l’égard de l’État, ou pour emprisonner des personnes sans leur offrir un procès équitable.

Voici un aperçu de certaines utilisations récentes de la clause dérogatoire et des raisons pour lesquelles elles sont problématiques :

Ontario

En 2021, le gouvernement de l'Ontario a imposé des limites à l'expression politique des tiers pendant une année entière avant les élections. Cette limite à la critique du gouvernement a été invalidée par la Cour supérieure de l'Ontario en tant qu'atteinte injustifiée à la liberté d'expression. Plutôt que de modifier sa loi pour respecter les droits garantis à la Charte, le gouvernement de l'Ontario a utilisé la clause dérogatoire pour maintenir la restriction.

La province a de nouveau utilisé la dérogation à la Charte en 2022 pour interdire aux travailleurs de l'éducation de faire la grève, même si les tribunaux ont depuis longtemps reconnu que la liberté d'association comprend le droit de grève et le droit à la négociation collective. De nombreuses personnes, syndicats et organisations (dont l'ACLC) ont tiré la sonnette d'alarme et, à la suite d’une vague de mécontentement populaire, le gouvernement de l'Ontario a abrogé ce projet de loi controversé.

Québec

En juin 2019, le Québec a utilisé la clause dérogatoire dans le projet de loi 21 pour interdire à certains travailleurs du secteur public, tels que les enseignants, les avocats et les policiers, le port de symboles religieux. Cette grave atteinte à la liberté de religion et d'expression s'applique aux symboles pouvant apparaître sur des bijoux, tels que le crucifix et l'étoile de David, ainsi qu'aux vêtements essentiels à l'observance religieuse, tels que les hijabs, les turbans et les kippas. L'ACLC, ainsi que le Conseil national des musulmans canadiens, ont contesté la constitutionnalité du projet de loi 21 dans les 24 heures qui ont suivi son entrée en vigueur.

Saskatchewan

En 2023, la Saskatchewan a utilisé la Charte pour interdire aux élèves transgenres d'utiliser les noms et pronoms de leur choix dans les écoles, à moins d’obtenir l'autorisation de leurs parents. Cette mesure cause un préjudice irréparable aux élèves les plus vulnérables – soit les jeunes qui ne sont peut-être pas en mesure d'obtenir le soutien de leur famille. Si les écoles sont tenues de révéler cet aspect de l'identité des élèves aux parents, que devront-elles révéler d’autre par la suite ?

Que fait l'ACLC pour nous protéger ?

Il devrait y avoir des limites à l'utilisation de la clause dérogatoire. Sinon, notre Charte est en danger.

Nous luttons activement contre les utilisations abusives de la clause dérogatoire en nous impliquant dans d'importants litiges et en sensibilisant le public aux dangers de l'utilisation abusive de la clause dérogatoire.

Litiges en cours

L'ACLC est impliquée dans deux affaires contestant des utilisations dangereuses de la clause dérogatoire dans des lois provinciales : le projet de loi 21 du Québec et le projet de loi 137 de la Saskatchewan.

Le projet de loi 21 du Québec interdit à certains travailleurs du secteur public, tels que les enseignants, les avocats et les policiers, le port de symboles religieux. Le Québec a invoqué la clause dérogatoire pour tenter de soustraire à l'examen des tribunaux cette horrible violation de la liberté de religion et d'expression des Québécois.

L'ACLC et le Conseil national des musulmans canadiens contestent la constitutionnalité du projet de loi 21 depuis de nombreuses années. Nous soutenons que la clause dérogatoire ne peut être utilisée pour supprimer des droits fondamentaux qui existaient bien avant la Charte et qui sont essentiels à la structure constitutionnelle du Canada. Parmi ces droits fondamentaux figurent le droit à la vie et à la sécurité de la personne, le droit à la liberté d'expression et le droit à la liberté de religion.

Projet de loi 137 de la Saskatchewan interdit aux étudiants transgenres d'utiliser les noms et les pronoms de leur choix dans les écoles sans l'autorisation parentale. La CCLA intervient dans le Centre UR Pride pour la sexualité et la diversité des genres c. Saskatchewan affaire qui conteste la constitutionnalité de cette loi.

La CCLA soutient que, même si la Charte la dérogation peut empêcher les tribunaux de rendre une décision Charte- loi contrevenante inopérante et inefficace, son utilisation n'empêche pas les tribunaux de pouvoir dire qu'une loi viole la Charte, et qu'il serait inopérant SI le Charte le remplacement n'a pas été utilisé.

Ce type de déclaration de la part des tribunaux a une valeur importante. Le public mérite de savoir si les gouvernements adoptent des lois qui portent atteinte aux droits et libertés fondamentaux.

L'utilisation de la Charte le droit de dérogation doit être renouvelé tous les 5 ans – ce qui signifie qu’un gouvernement utilisant le Charte La clause de dérogation devra toujours être soumise à une élection avant de pouvoir être renouvelée. Une décision de justice déclarant que les droits des personnes ont été violés aidera les électeurs à prendre une décision éclairée lors des prochaines élections.

Initiatives de sensibilisation du public

La CCLA s'engage à sensibiliser le public aux dangers de la Charte outrepasser.

En 2022, nous avons sonné l’alarme lorsque le projet de loi 28 de l'Ontario a invoqué la clause dérogatoire pour empêcher les enseignants de faire la grève. Nous avons organisé des conférences de presse et rédigé des articles pour informer le public. Nous avons lancé un appel à l'action en rassemblant des idées et du matériel permettant aux Ontariens de se faire entendre. Cette campagne a été couronnée de succès : le gouvernement de l'Ontario a répondu à la pression du public et a abrogé le projet de loi 28.

En octobre 2024, le premier ministre de l'Ontario a demandé aux maires des grandes villes de l'Ontario de demander par écrit au gouvernement provincial d'utiliser le Charte Le maire de la ville de Vancouver a décidé de passer outre à l’idée de légiférer sur des mesures qui nuiront aux droits et aux libertés des sans-abri de la province. Douze maires ont depuis répondu à son appel. L’ACLC a envoyé des lettres ouvertes mettant en garde contre cette voie dangereuse et continuera de suivre cette question de près.

Le Canadian Civil Liberties Education Trust (CCLET), un organisme de recherche et d'éducation à but non lucratif créé par l'ACLC, organise des ateliers et d'autres programmes éducatifs visant à informer les étudiants, les enseignants, les nouveaux arrivants et les membres de la communauté quant aux droits protégés par la Charte. CCLET partage des informations sur la clause dérogatoire et offre aux étudiants l'opportunité de partager leurs idées.

La demande de l'ACLC aux gouvernements

Les législateurs ne devraient pas attendre l'issue des contestations judiciaires pour protéger notre Charte. L'ACLC demande au Parlement et à chaque législature provinciale de promulguer des lois par le biais desquelles ils s'engageront à n'utiliser la clause dérogatoire qu'à l'intérieur de certains paramètres.

Voici à quoi devraient ressembler ces limites et pourquoi elles sont nécessaires :

1) Pas d’usage préventif

Les législateurs ne devraient pas utiliser la clause dérogatoire avant d'avoir reçu une décision finale d'un tribunal.

Les législateurs doivent s'efforcer d’adopter des lois conformes à la Charte et doivent laisser les tribunaux réviser la constitutionnalité de ces lois. Le public mérite de savoir si les gouvernements portent atteinte à ses droits et libertés fondamentaux.

2) Exigence d’une super majorité

Les droits et libertés garantis par la Charte sont trop importants pour que l'on puisse y passer outre par le biais d’un vote à la majorité simple. Une super majorité devrait être requise pour invoquer la clause nonobstant. Cette exigence ferait écho aux graves conséquences qui découlent de la dérogation aux droits garantis par la Charte.

Les droits et libertés garantis par la Charte sont trop importants pour que l'on puisse y passer outre par le biais d’un vote à la majorité simple. Une super majorité devrait être requise pour invoquer la clause nonobstant. Cette exigence ferait écho aux graves conséquences qui découlent de la dérogation aux droits garantis par la Charte.

3) Les violations flagrantes des droits ne devraient pas être tolérées

Les tribunaux devraient avoir la juridiction explicite de réviser l'utilisation de la clause dérogatoire, de sorte que des violations flagrantes de droits ne puissent être maintenues.

Cela signifie que, même si la clause dérogatoire a été utilisée, les tribunaux pourraient toujours contrôler l'objectif d'une loi lorsque des droits et libertés fondamentaux sont en jeu. Si cet objectif est incompatible avec notre structure constitutionnelle, les tribunaux devraient être explicitement autorisés à invalider une loi. Ce serait le cas lorsqu'une loi s'attaque directement à un droit fondamental ou à une liberté qui existait bien avant l'adoption de la Charte.

- Le 5 décembre 2024, l’ACLC a envoyé des lettres aux premiers ministres fédéral et provinciaux afin de leur demander de limiter explicitement l’usage de la clause dérogatoire. Vous pouvez consulter un exemplaire de ces lettres ici.

Ce que vous pouvez faire pour aider à sauver notre Charte

Votre voix est essentielle dans la lutte pour la protection de nos droits et libertés fondamentaux. Voici comment agir pour sauver notre Charte :

  • Signez notre pétition dès maintenant pour dire aux gouvernements provinciaux et fédéral qu'ils ne devraient pas utiliser la clause dérogatoire pour permettre des violations flagrantes de nos droits et libertés.
  • Partagez de l’information avec vos proches et sur vos réseaux sociaux – la présente campagne « Sauvons notre Charte » est un excellent point de départ.
  • Faites un don à l'ACLC dès aujourd'hui pour défendre les droits et libertés de tout le monde au Canada.

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