La décision de la Cour suprême en R. c. Vice Media Canada Inc. n'est pas la victoire pour la liberté de la presse que l'ACLC espérait. En effet, pour Vice Media et le reporter Ben Makuch, la décision est un coup dur et oblige un reporter à remettre le produit de son travail à la police. Ce résultat est inquiétant et je crains le froid que cela pourrait créer. En même temps, je ne vois pas le Vice décision comme une défaite totale pour la liberté de la presse. Je pense que certaines parties de la décision pourraient être utilisées pour pousser plus loin la liberté de la presse dans des affaires futures – sans aucun doute une bonne chose.
Pendant de nombreuses années, nos tribunaux ont reçu pour instruction de trouver un équilibre entre les besoins d'enquête de la police et l'importance du rôle de la presse et du droit des médias à la vie privée dans la collecte et la couverture de l'actualité. Trop souvent, la balance privilégie la police au détriment de la presse. La Cour a eu l'occasion de changer ce paradigme en adoptant une nouvelle approche quant au moment et à la manière dont les enquêtes policières peuvent impliquer la presse. Bien qu'elle ait refusé de modifier fondamentalement la loi, la décision de la Cour a des aspects positifs et, s'ils se répercutent sur les juridictions inférieures - il est vrai, un grand "si" - ceux-ci pourraient être utilisés pour protéger les médias des intrusions policières déraisonnables à l'avenir .
Par exemple, bien que la majorité de la Cour ait refusé d'exiger que les médias soient avisés dans tous les cas où une ordonnance de production est demandée, elle reconnaît qu'à moins qu'une urgence ou des circonstances ne justifient de procéder sans la présence des médias, il peut être souhaitable de donner avis. Une modification de la norme qu'un tribunal de révision utilisera lors de l'examen d'une ordonnance de production contestée renforce ce langage. La Cour permet une de novo examen (c'est l'avocat qui parle pour un réexamen global) si les médias n'ont pas été avisés et peuvent établir que le tribunal qui a rendu l'ordonnance manquait d'informations qui auraient pu faire une différence.
La doublure argentée dans l'affaire est l'accord de la juge Abella, signé par trois autres membres de la Cour. La juge Abella reconnaît explicitement que la liberté de la presse n'est pas simplement un corollaire de la liberté d'expression, mais qu'elle bénéficie d'une protection distincte et indépendante dans le Charte. La majorité n'était pas d'accord pour aller aussi loin, mais leurs motifs suggèrent que c'est parce que ce n'était pas nécessaire, pas parce qu'il y a nécessairement désaccord sur ce point.
Bien que la décision de vendredi dernier soit décevante, elle concerne une affaire qui s'est déroulée avant que le Parlement n'adopte la Loi sur la protection des sources journalistiques. Cette législation renforce la protection de la presse et devrait contribuer à rééquilibrer davantage les affaires qui l'interprètent devant les tribunaux. L'ACLC continuera de plaider en faveur de solides protections pour la presse, afin de protéger à la fois le travail important des journalistes et le droit des Canadiens de savoir.
À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles
L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.
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