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Étant donné que la section Apprendre de TalkRights présente du contenu produit par des bénévoles de l'ACLC et des entretiens avec des experts dans leurs propres mots, les opinions exprimées ici ne représentent pas nécessairement les propres politiques ou positions de l'ACLC. Pour les publications officielles, les rapports clés, les prises de position, la documentation juridique et les dernières nouvelles sur le travail de l'ACLC, consultez nos domaines d'intérêt.

Vous êtes-vous déjà demandé qui contrôle la police ? Cette question semble paradoxale, mais la réponse est cruciale pour le respect de l'État de droit. Au Canada, la police est la principale institution responsable de l'application de la loi. Mais les policiers peuvent aussi enfreindre la loi. Lorsqu'un agent de police enfreint la loi, il est important que les pouvoirs spéciaux de la police sur l'application de la loi ne soient pas utilisés à mauvais escient de manière à permettre à l'agent d'échapper à une enquête appropriée. La surveillance civile de la police est cruciale pour tenir la police responsable lorsqu'elle enfreint la loi ou commet un acte répréhensible. Cet article traite du rôle de la surveillance civile et de la façon dont elle contribue au maintien de l'ordre dans la police.

 QU'EST-CE QUE LA SURVEILLANCE CIVILE DE LA POLICE ?

De nombreuses institutions de la société canadienne jouent un rôle dans la surveillance civile des forces policières. C'est parce que, en termes généraux, la surveillance civile de la police signifie simplement la surveillance des activités policières par des personnes qui ne sont pas des membres actifs des forces de police qu'elles surveillent. Cette définition est si large qu'elle inclut les tribunaux canadiens, puisque les juges peuvent examiner les actions d'un service de police lorsqu'une personne poursuit la police. Et cela pourrait aussi inclure les politiciens et même les médias. Les Étoile de Toronto, par exemple, enquêté préjugés raciaux au sein de la force policière de Toronto.

Cependant, lorsque les experts parlent de surveillance civile de la police au Canada, ils ont tendance à se concentrer sur deux types de mécanismes de surveillance dirigés par des civils.[1] Le premier type reçoit des plaintes du public concernant l'inconduite non criminelle d'un agent de police. Cet article appellera ce mécanisme un processus de plainte du public. Le deuxième type enquête sur les policiers dont les actions ont causé des blessures graves ou la mort d'un individu et sur des policiers qui auraient enfreint la loi. Nous appellerons ce mécanisme une agence d'enquête.

Bien que ces mécanismes aient des rôles différents, ils ont tous deux tendance à être dirigés et parfois dotés par des personnes qui ne sont pas actuellement membres d'une force de police. Et ils ont également une certaine autorité sur le service de police qu'ils supervisent. Cela en fait intentionnellement un contrôle indépendant du pouvoir de la police. Comme vous le verrez ci-dessous, ces mécanismes de surveillance sont principalement chargés de surveiller la police.

 COMMENT FONCTIONNE LA SURVEILLANCE CIVILE DE LA POLICE ?

 Tous les gouvernements provinciaux ont le pouvoir d'adopter leur propre version d'un processus de plainte du public et un organisme d'enquête dans leur province.[2] Par conséquent, il existe certaines variations dans la façon dont ces mécanismes fonctionnent selon les provinces. Cependant, il existe quelques similitudes.

Premièrement, chaque province a créé un processus de plainte du public pour recevoir les plaintes du public concernant l'inconduite non criminelle de la police.[3] Les plaintes concernent généralement des violations des normes de conduite que les agents de police doivent suivre. Au Manitoba, par exemple, une personne peut faire un plainte par le biais du processus de plainte du public de la province si elle croit qu'un agent de police en service a été incivil ou impoli envers elle. Une fois qu'une plainte est déposée, la plainte est généralement examinée par l'organisme supervisant le processus de plainte pour s'assurer qu'elle est légitime. Si la plainte est légitime, l'organisme transmet la plainte au service de police qui emploie le policier mentionné dans la plainte. L'organisme supervisera généralement le traitement de la plainte par le service de police, en veillant à ce qu'elle soit traitée correctement.[4]

Les agences d'enquête fonctionnent différemment. Lorsqu'un incident grave survient, le protocole typique consiste pour le service de police à informer l'organisme d'enquête de sa province de l'incident.[5] L'agence enquêtera alors sur l'incident et déterminera s'il y a eu des actes répréhensibles. Si l'agence constate qu'il y a eu des actes répréhensibles criminels, certaines agences d'enquête peuvent porter des accusations criminelles tandis que d'autres n'ont que le pouvoir de recommander des accusations criminelles. Le public ne peut pas directement lancer une enquête d'un organisme d'enquête sur une allégation selon laquelle un agent de police a enfreint la loi. Ils doivent plutôt signaler l'allégation par le biais d'un processus de plaintes du public ou d'un service de police, qui peut renvoyer la plainte à un organisme d'enquête. Alors que la plupart des provinces ont mis en place un organisme pour enquêter sur les actes répréhensibles graves commis par la police, la Saskatchewan et certaines provinces maritimes n'ont pas encore créé un tel organisme.[6]

POURQUOI AVONS-NOUS BESOIN DE LA SURVEILLANCE CIVILE DE LA POLICE ?

Un argument majeur en faveur de la surveillance civile est son rôle dans deux objectifs importants : assurer la confiance du public dans la police et instaurer l'état de droit.[7] La confiance du public dans un service de police aide le service de police à maintenir la sécurité publique. Une victime d'un crime, par exemple, ne peut pas appeler la police si elle pense que la police est susceptible de la maltraiter ou de mal gérer son enquête. La primauté du droit est également importante parce que c'est le concept selon lequel tout le monde est soumis à la loi, qui est un principe fondamental de la démocratie canadienne.

Le contrôle civil de la police peut répondre à ce double objectif puisqu'il permet de garantir que les plaintes et les enquêtes concernant la police sont traitées de manière impartiale. La police peut être en conflit d'intérêts lorsqu'elle enquête elle-même. Étant donné que les mécanismes de surveillance dirigés par des civils sont indépendants de la police, ces organismes de surveillance peuvent éviter les conflits auxquels les services de police sont confrontés. Par conséquent, les mécanismes de surveillance civile peuvent garantir que les actes répréhensibles de la police font l'objet d'une enquête appropriée et que les agents sont sanctionnés de manière appropriée. Ce faisant, ces mécanismes défendent la primauté du droit parce qu'ils tiennent la police responsable devant la loi. Ces mécanismes renforcent également la confiance du public dans la police. Le public peut avoir confiance que lorsqu'un agent de police est reconnu par un organisme de surveillance civile comme n'ayant pas enfreint une loi ou un code de conduite, l'agent a agi dans les limites de la conduite attendue d'un agent de police.

À QUELLES CRITIQUES LA SURVEILLANCE CIVILE FAIT-ELLE FACE ?

 Tout comme le fonctionnement et la structure des agences de surveillance civile varient d'une province à l'autre, les critiques auxquelles ces organisations sont confrontées changent selon la forme qu'elles prennent dans une province. Cependant, certaines critiques sont similaires d'une province à l'autre.

Une critique courante est que les mécanismes de surveillance civile ne sont pas à l'abri des préjugés auxquels les forces de police sont confrontées lorsqu'elles enquêtent elles-mêmes. Par exemple, l'agence d'enquête dirigée par des civils de l'Alberta a été critiqué pour ne pas être totalement indépendant de la police puisque ses enquêteurs sont issus des forces policières de toute la province. L'UES de l'Ontario a fait face critique similaire de l'ombudsman de l'Ontario. En Colombie-Britannique, un Audit du processus de plainte du public de la province a révélé que de nombreuses plaintes contre la police avaient fait l'objet d'enquêtes inappropriées malgré une surveillance civile.

Une critique plus large est que les objectifs jumeaux des organes de contrôle sont parfois en contradiction les uns avec les autres. Kent Roach, professeur de droit à l'Université de Toronto, note que les organismes d'enquête peuvent porter des accusations criminelles contre la police, mais que les policiers réussissent souvent à se défendre contre ces accusations.[8] En Ontario, une seule enquête sur une fusillade policière depuis 1990 a abouti à une condamnation pénale. C'était l'enquête sur James Forcillo, un policier de Toronto reconnu coupable de tentative de meurtre après avoir abattu Sammy Yatim en 2013. C'est parce que la loi canadienne place la barre très haut pour les condamnations pénales. Ce résultat pourrait être satisfaisant du point de vue de l'État de droit. Mais Roach pense que le résultat n'est pas satisfaisant du point de vue de la confiance du public dans la police. Beaucoup de gens pourraient accepter qu'un agent de police puisse ne pas être coupable devant un tribunal, mais que la conduite de l'agent de police était toujours inappropriée.

Que signifient ces critiques pour la surveillance dirigée par des civils ? Ces critiques soulignent que les mécanismes civils sont toujours en chantier. Et, comme le suggère la critique de Roach, certains aspects du maintien de l'ordre qui minent la confiance du public dans la police peuvent ne pas être traités exclusivement par une approche légaliste.

CONCLUSION

La surveillance de la police dirigée par des civils est maintenant une caractéristique courante des services de police au Canada. La responsabilité principale du maintien de l'ordre incombe à deux types de mécanismes : les processus de plainte du public et les organismes d'enquête. L'un des principaux motifs d'utilisation de ces mécanismes est qu'ils maintiennent la confiance du public dans la police et maintiennent la primauté du droit en obligeant la police à rendre compte de ses actes. Les critiques auxquelles sont confrontées ces organisations suggèrent que leur surveillance est toujours un travail en cours et que nous ne devrions pas nous attendre à ce que ces organismes réussissent à maintenir seuls la confiance du public dans la police.

Notes de bas de page :

[1] Ian Scott, « Introduction » dans Problèmes liés à la surveillance civile des services de police (Toronto : Canada Law Book, 2014), 2.

[2] Les plaintes concernant la Gendarmerie royale du Canada, le service de police fédéral du Canada, sont supervisées par un processus de plaintes du public dirigé par des civils et dédié à la GRC. Aucun organisme d'enquête n'est dédié à la surveillance des incidents graves impliquant la GRC.

[3] Supra, note 1.

[4] Ian Scott, « Aperçu de la surveillance » dans Problèmes liés à la surveillance civile des services de police (Toronto : Canada Law Book, 2014), 38.

[5] Supra, note 4.

[6] Idem.

[7]Kevin Kunetski et Kelsi Barkway, « Indépendance dans les enquêtes de police dirigées par des civils » dans Problèmes liés à la surveillance civile des services de police (Toronto : Canada Law Book, 2014), 163.

[8] Kent Roach, « Modèles d'examen de la police civile » dans Problèmes liés à la surveillance civile des services de police (Toronto : Canada Law Book, 2014), 330 – 331.

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

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