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Étant donné que la section Apprendre de TalkRights présente du contenu produit par des bénévoles de l'ACLC et des entretiens avec des experts dans leurs propres mots, les opinions exprimées ici ne représentent pas nécessairement les propres politiques ou positions de l'ACLC. Pour les publications officielles, les rapports clés, les prises de position, la documentation juridique et les dernières nouvelles sur le travail de l'ACLC consultez la section In Focus de notre site Web. L'intervention de l'ACLC dans R. c. Spencer est documentée ici.

Voudriez-vous que le gouvernement connaisse toutes les pages Web que vous avez consultées ? Toutes les recherches Google que vous avez effectuées ? Chaque publication sur les réseaux sociaux sur laquelle vous avez cliqué ? Chaque fichier, photo ou vidéo que vous avez téléchargé ? Sinon, vous pouvez remercier R. c. Spencer, 2014 CSC 43, 2 RCS 212 (disponible sur : https://scc-csc.lexum.com/scc-csc/scc-csc/en/item/14233/index.do).

Chaque fois que vous récupérez une ressource numérique, votre ordinateur indique à Internet votre emplacement numérique (une « adresse IP »), afin qu'Internet sache où envoyer les informations. Prenez un moment pour réfléchir aux schémas mentaux que vous révélez dans vos publications et recherches, les préférences politiques et sexuelles cachées dans votre historique Internet supprimé et les secrets que vous avez essayé de cacher dans votre navigation privée. Toute personne ayant des compétences techniques sur Internet peut suivre ces informations et ainsi brosser un tableau intime de ce à quoi vous pensez, de ce que vous en pensez et, en fin de compte, de qui vous êtes.

Cependant, ils ne savent pas qu'ils peignent une image de vous. En règle générale, seul votre fournisseur d'accès Internet (FAI) connaît l'adresse IP que vous utilisez – cet anonymat empêche quiconque de lire votre journal numérique. C'est-à-dire jusqu'à ce que la police "demande" vos informations d'abonné à votre FAI, en leur donnant votre adresse IP et en exigeant qu'ils partagent votre nom. C'était en cause dans R. c. Spencer, où l'ACLC est intervenue avec succès pour protéger votre anonymat numérique.

L'AFFAIRE

La police traquait un site de partage de fichiers pédopornographiques et a trouvé une adresse IP qui y a accédé. Ils ont exigé, sans mandat, que le FAI divulgue le nom associé à l'adresse IP et ont utilisé cette information pour trouver où vivait leur suspect. C'était la maison de la sœur de Spencer, où ils ont trouvé des preuves incriminant Spencer.

Spencer a fait appel devant la Cour suprême, arguant que son anonymat numérique était protégé par la Constitution. Le tribunal a convenu à l'unanimité avec l'ACLC que « le maintien de l'anonymat peut faire partie intégrante de la protection de la vie privée ». Fournir à la police des informations sur les abonnés a porté atteinte à l'anonymat de Spencer, et donc à sa vie privée.

Le ministère public a ensuite soutenu que, même s'il s'agissait d'une atteinte à la vie privée de Spencer, il s'agissait d'une atteinte raisonnable. Ils ont fait valoir que la politique de confidentialité du FAI l'obligeait à divulguer les informations demandées par la police, de sorte que Spencer ne pouvait pas s'attendre à une confidentialité de leur part (les tribunaux ne protégeront la confidentialité que si la victime a «une attente raisonnable en matière de confidentialité» avant la violation). La Cour suprême a rejeté cet argument, affirmant que la police n'avait pas le droit de forcer les FAI à partager les informations sur les abonnés, et donc Spencer aurait pu s'attendre à ce que le FAI garde les informations sur les abonnés de sa sœur confidentielles. Obtenir cette information était donc inconstitutionnel.

IMPLICATIONS À L'ÉPOQUE

Lorsque R. c. Spencer a été décidé en 2014, il a envoyé un message fort à la police que l'accès sans mandat aux informations des abonnés était inacceptable dans la plupart des cas. L'image tirée des adresses IP peut être si intime qu'elle ne devrait être accessible qu'avec une cause probable ou dans des circonstances urgentes. La police a maintenant besoin d'un mandat pour obtenir vos informations d'abonné, et ainsi retracer votre historique numérique grâce à votre adresse IP.

Six mois plus tard, la Cour suprême a ajouté à ces limites dans R. c. Fearon, qui limitait le montant que la police pouvait demander dans une ordonnance de production (un type de mandat). Avec ces deux affaires, le tribunal renforçait clairement le droit à la vie privée.

Plus largement, la décision a redéfini la confidentialité pour inclure non seulement le secret, mais également le contrôle des informations et l'anonymat. Le tribunal a admis que « l'anonymat peut bénéficier d'une protection constitutionnelle » dans le contexte d'Internet. C'est prometteur, car cela suggère que le tribunal comprend vraiment que les temps ont changé : nous mettons maintenant tellement d'informations en ligne que le seul moyen de protéger la vie privée pourrait être l'anonymat.

POURQUOI C'EST IMPORTANT MAINTENANT

Bien que la décision de R. c. Spencer peut suggérer que l'anonymat a été assuré, cela n'a pas été le dernier mot sur la question. Le gouvernement mène actuellement une consultation sur la sécurité nationale qui pourrait inverser la nouvelle importance que la Cour a accordée à l'anonymat. Dénonciation spécifique R. c. Spencer, le gouvernement demande aux Canadiens le mandat d'adopter une loi accordant aux services de renseignement le droit d'accéder aux informations sur les abonnés, leur donnant ainsi une fenêtre non ombragée sur les cœurs et les esprits de chacun. On ne sait pas encore si cette proposition progressera et, dans l'affirmative, si elle serait constitutionnelle. Seul le temps dira si R. c. Spencer était une étape audacieuse vers une confidentialité numérique sécurisée, ou une pierre d'achoppement sur la voie d'un meilleur accès du gouvernement à votre identité numérique.

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

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