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Le 17 août 2022, la Cour supérieure de justice de l'Ontario a rendu une décision dans l'affaire de Nell Toussaint c Procureur général du Canada, une affaire dans laquelle l'ACLC est intervenue. Cette affaire concerne non seulement l'accès aux soins de santé pour les personnes au Canada dont le statut d'immigration est incertain ou précaire, mais également l'accès à la justice. L'ACLC est intervenue pour aider la Cour à évaluer une requête en radiation d'une action en justice fondée sur les droits et a demandé instamment que l'on tienne compte des répercussions sur l'accès à la justice d'un congédiement anticipé. Heureusement, la Cour a reconnu les dangers de rejeter ce genre de réclamation à un stade aussi précoce, a clairement indiqué que le gouvernement du Canada interprétait injustement la nature de la réclamation de Mme Toussaint et a permis à l'action de se poursuivre. La décision du juge Perell donne un aperçu détaillé des questions juridiques complexes engagées dans cette affaire et explique clairement pourquoi un rejet fondé uniquement sur les actes de procédure ne serait pas approprié. Exprimant son accord avec bon nombre des observations des intervenants dans l'affaire, le juge Perell a noté qu'il ne serait pas approprié de statuer sur le fond de l'affaire de Mme Toussaint sans preuves supplémentaires sur le sort des droits de la personne de personnes comme Mme Toussaint. La décision est disponible ici. Un aperçu de l'affaire est présenté ci-dessous.

Mme Toussaint est arrivé au Canada de Grenade en 1999 et travaillait ici depuis près de dix ans avant de développer une maladie potentiellement mortelle. Sa demande de couverture des soins de santé en 2009 dans le cadre du Programme fédéral de santé intérimaire (PFSI) a été refusée parce qu'elle ne faisait pas partie de l'une des quatre catégories d'immigrants admissibles. Ses contestations de cette décision devant la Cour fédérale et la Cour d'appel fédérale ont été infructueuses. Elle a ensuite porté son cas devant le Comité des droits de l'homme des Nations Unies (CDHNU) en 2018. Le CDHNU a décidé que la décision du Canada violait ses obligations internationales, constituait une discrimination à l'égard des personnes ayant un statut d'immigrant irrégulier et violait le droit à la vie de Mme Toussaint.

À la lumière de la décision du CDHNU, Mme Toussaint a intenté une action devant la Cour supérieure de justice de l'Ontario en 2021, dans laquelle elle vise à contester la constitutionnalité du cadre du PFSI, à la fois tel qu'il lui a été appliqué entre 2009 et 2013, ainsi que comme dans sa forme actuelle (après sa modification en 2016). Actuellement, le PFSI ne fournit pas de couverture des soins de santé aux personnes ayant un statut d'immigration précaire, mais confère au ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration des pouvoirs discrétionnaires non spécifiés pour fournir une couverture des soins de santé dans des « circonstances exceptionnelles et impérieuses ». Mme Toussaint a fait valoir que ce cadre est contraire au droit à la vie, à la liberté et à la sécurité, et au droit à l'égalité. Ces droits sont protégés en vertu des articles 7 et 15 de la Charte canadienne des droits et libertés.

Le procureur général du Canada a demandé la radiation de la demande de Mme Toussaint, arguant qu'elle ne révèle aucune cause d'action raisonnable, qu'elle est frivole ou vexatoire et qu'elle constitue un abus de procédure. L'ACLC est intervenue pour aider la Cour à évaluer les facteurs à prendre en compte dans une requête en radiation d'une revendication fondée sur les droits. Le rejet de telles demandes avant d'être entendues sur le fond et sur la base d'un dossier de preuve complet aurait une incidence négative sur l'accès à la justice et aurait des répercussions profondes sur les droits des personnes dans la même situation que Mme Toussaint qui n'ont peut-être pas les connaissances, les moyens ou la capacité de accéder à la justice pour eux-mêmes. De plus, la tentative du gouvernement d'utiliser des mécanismes procéduraux pour empêcher que les revendications fondées sur les droits soient entendues met en évidence un déséquilibre de pouvoir inhérent entre les plaignants comme Mme Toussaint et le gouvernement intimé dans Charte réclamations. Faire valoir une réclamation au sujet d'une politique gouvernementale plutôt que d'aborder ses mérites fondés sur les droits aura une incidence sur la capacité des personnes vivant au Canada avec un statut d'immigration précaire à accéder aux soins de santé nécessaires pour prévenir les risques raisonnablement prévisibles de perte de vie ou de conséquences irréversibles sur la santé.

Le gouvernement fédéral a fait valoir que la demande de Mme Toussaint avait effectivement déjà été entendue (dans les affaires antérieures de la Cour fédérale et de la Cour d'appel fédérale) et qu'elle devait donc être rejetée. L'intervention de l'ACLC a souligné que la constitutionnalité de la politique du PFSI de 2016 et les pouvoirs discrétionnaires non guidés du ministre n'est pas une question qui a été testée devant les tribunaux. La constitutionnalité du gouvernement utilisant des pouvoirs discrétionnaires pour isoler des politiques autrement inconstitutionnelles est exactement le type de question qui devrait être examinée sur la base d'un dossier de preuve complet.

L'ACLC s'engage à faire en sorte que les droits et libertés fondamentaux soient également accessibles à tous et à lutter pour les droits des individus et des groupes victimes de discrimination. Nous prévoyons chercher à rester impliqués en tant qu'intervenant dans le dossier en cours de Mme Toussaint.

L'ACLC est extrêmement reconnaissante envers Iris Fischer, Kaley Pulfer et Alysha Li de Blake, Cassels & Graydon LLP pour leur remarquable représentation pro bono dans cette affaire.

Pour le mémoire complet de l'ACLC, veuillez Cliquez ici.

 

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

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