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CONTEXTE

Au cours des dernières décennies, le droit de voter et de participer de manière significative au processus démocratique a été largement reconnu comme un droit fondamental. Bien que le droit de vote soit de plus en plus étendu à des groupes historiquement privés de leurs droits (tels que les femmes, les détenus et les peuples autochtones), la citoyenneté reste une limitation largement acceptée du droit de vote. Dans l'état actuel des choses au Canada, les résidents permanents ne sont autorisés à voter à aucun niveau de gouvernement. De plus, l'article 3 de la Charte, qui garantit le droit de vote et de candidature, stipule explicitement qu'il s'agit de droits réservés aux seuls citoyens. Néanmoins, des propositions récentes en Toronto, Vancouver et autres municipalités canadiennes[1] d'étendre le droit de vote aux résidents permanents aux élections municipales ont mis la question du droit de vote des non-ressortissants au premier plan. Cet article explore les raisons pour lesquelles la privation du droit de vote des non-citoyens est importante et le cadre juridique existant au Canada.

POURQUOI EST-CE IMPORTANT?

Alors que le suffrage s'est étendu au-delà de la race, du sexe et de la classe, les non-citoyens continuent d'être le plus grand groupe d'adultes exclus de la participation politique. Pourtant, l'exclusion des résidents non-ressortissants du processus démocratique a été largement acceptée, puisque notre conception de la démocratie et du droit de vote est si étroitement liée à la citoyenneté. Bien que de nombreux résidents non-ressortissants paient des impôts et possèdent des biens là où ils vivent, ils continuent d'être exclus des processus démocratiques, les laissant politiquement impuissants dans les décisions qui ont un impact direct sur leurs moyens de subsistance. Ce groupe comprend des populations particulièrement vulnérables telles que les réfugiés et les travailleurs étrangers temporaires.

Les implications pratiques de la privation des droits des résidents non-citoyens sont importantes., Dans les municipalités comme Toronto avec l'une des plus grandes populations nées à l'étranger au Canadaprès de 1,3 million d'individus en 2016), cela signifie que près de la moitié de la population adulte est politiquement sans voix. La privation du droit de vote d'une grande partie des non-ressortissants résidant sur un territoire mais incapables de participer politiquement conduit à un problème de légitimité démocratique.

CADRE JURIDIQUE ACTUEL AU CANADA

Dans l'état actuel des choses au Canada, aucun non-citoyen n'est autorisé à voter à aucun niveau de gouvernement, qu'il soit municipal, provincial ou fédéral. Le libellé de Section 3 du Charte canadienne des droits et libertés, qui défend les droits démocratiques, stipule explicitement que le droit de vote est réservé aux citoyens canadiens, comme il le dit, "Tout citoyen du Canada a le droit de voter à l'élection des membres de la Chambre des communes ou d'une assemblée législative et d'être qualifié pour en être membre. " La Cour suprême a interprété l'objet de l'article 3 comme garantissant que chaque citoyen a le droit de jouer un rôle significatif dans le processus démocratique.[2] Les droits démocratiques sont ainsi l'un des rares Charte-des droits protégés qui ne sont garantis qu'aux citoyens canadiens.[3] Bien que le cadre constitutionnel actuel limite le droit de vote aux citoyens canadiens, cela n'empêcherait pas les municipalités d'étendre le droit de vote aux résidents non-citoyens s'il y avait une volonté politique.

QUI D'AUTRE LE FAIT ?

L'extension du droit de vote aux résidents non-ressortissants n'est pas sans précédent. À l'heure actuelle, quarante-cinq démocraties dans le monde ont accordé le droit de vote aux étrangers, à des degrés divers. Alors que certaines juridictions autorisent les résidents non-ressortissants à voter aux élections nationales, la majorité des démocraties limitent les droits de vote des non-ressortissants aux niveaux locaux.  [4]  En outre, toutes les juridictions qui autorisent le vote des non-citoyens ont des exigences de résidence à long terme (cela peut aller d'un an à dix ans), ce qui empêche les personnes comme les touristes, les étudiants et les travailleurs saisonniers temporaires de voter.

Voici des exemples de juridictions qui autorisent le vote des résidents non-citoyens :

  • Suède autorise les résidents non-ressortissants à voter aux élections municipales et aux élections de comté/conseil, à condition qu'ils soient enregistrés dans la population suédoise depuis au moins trois ans.
  • Cette Pays-Bas permet aux résidents non-ressortissants de voter aux élections municipales s'ils résident dans le pays avec un permis de séjour depuis au moins cinq ans.
  • Cette Royaume-Uni permet aux citoyens résidents du Commonwealth de voter aux élections générales. Cela signifie que les résidents éligibles qui sont citoyens de pays comme le Canada, la Nouvelle-Zélande et le Bangladesh sont autorisés à voter.
  • Dans Malawi, les résidents non-ressortissants sont autorisés à voter aux élections nationales après une période de sept ans de résidence.
  • Dans Uruguay, les résidents non-ressortissants sont autorisés à voter aux élections nationales après une période de résidence de quinze ans.
  • Nouvelle-Zélande est l'une des nations les plus inclusives, permettant aux résidents non-citoyens de voter aux élections nationales et locales après seulement un an de résidence.
  • Chicago permet aux non-citoyens de se présenter et de voter aux élections des conseils scolaires. De 1968 et 2003, New York fait de même.
  • Six communes de Maryland permettre aux résidents non-ressortissants de voter aux élections municipales.
  • Luxembourg permet aux résidents non-ressortissants de voter aux élections municipales s'ils sont résidents depuis au moins cinq ans.
  • la Belgique permet aux résidents non-ressortissants inscrits sur la liste des étrangers ou sur la liste électorale locale de voter aux élections municipales.
  • Dans La Suisse, plusieurs cantons autorisent les résidents non-ressortissants à voter au niveau local. Cependant, les conditions de résidence peuvent varier d'un an à cinq ans.
  • Article 8b de la Traité de Maastricht de 1993 permet aux citoyens des quinze États signataires de l'Union européenne qui résident dans l'UE de voter dans un autre État de l'UE.

CONCLUSION

Dans un monde de plus en plus globalisé et transnational, le droit de vote des non-ressortissants continuera d'être un point de discussion important. Bien que de nombreux résidents non-ressortissants paient des impôts et possèdent des biens là où ils vivent, et soient directement touchés par les décisions politiques, ils restent politiquement sans voix, ce qui conduit à un problème de légitimité démocratique. Bien que le cadre constitutionnel actuel du Canada ne garantisse que le droit de vote des citoyens canadiens, d'autres juridictions ont soit déjà accordé le droit de vote aux non-citoyens, soit envisagent d'étendre le droit aux non-citoyens. À ce titre, le Canada devrait rester actif dans le débat.

[1] Ville de Vancouver, motion B.8, Vote des résidents permanents (17 avril 2018); Ville de Toronto, motion GM22.15, Réformes électorales proposées (11 juin 2013

[2] Figueroa c Canada (Procureur général), 2003 CSC 37, [2003]1 RCS 912 au para 33

[3] Rhéaume c Ontario (Procureur général), 1989 70 OR (ed) 602, autorisation d'interjeter appel devant la CSC refusée.

[4] David C. Earnest, « L'émancipation des étrangers résidents : variations et explications » (2015) 22 : 5 Démocratisation 861 à 863.

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