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Cette semaine, l'Association canadienne des libertés civiles sera à la Cour suprême du Canada pour faire valoir qu'une suramende compensatoire obligatoire, imposée à tous les « contrevenants », est une peine cruelle et inhabituelle qui devrait être annulée par la Cour.

La suramende compensatoire oblige les individus à payer une somme financière – en plus des amendes qui font partie de leur peine – s'ils sont reconnus coupables d'une infraction criminelle. Le non-paiement de la surtaxe peut être un motif d'emprisonnement. En 2013, le gouvernement fédéral a supprimé le pouvoir discrétionnaire des juges de renoncer à la suramende dans certaines circonstances. En cause dans les affaires devant la Cour suprême cette semaine (Tinker et al contre Sa Majesté la Reine et Boudreault c Sa Majesté la Reine) est de savoir si cette suppression du pouvoir discrétionnaire était constitutionnelle.

Emprisonner les pauvres parce qu'ils sont pauvres, c'est la résurrection populiste de la prison du débiteur barbare mise au pilori par Charles Dickens. Le juge Binnie l'a dit ainsi :

La prison pour débiteurs pour personnes appauvries est un concept dickensien qui dans les pays civilisés a été largement aboli. L'emprisonnement pour dette civile a été aboli en Ontario à la fin du XIXe siècle. Dans ses réformes des peines de 1996, le Parlement a décrété que la prison devrait être réservée à ceux dont la conduite mérite d'y être emprisonnée. En l'espèce, le juge du procès a estimé qu'une peine appropriée serait une peine avec sursis avec probation, mais cela n'était pas possible en vertu de la Loi. Pourtant, la prison pour débiteurs « dans la communauté », ce qu'est une peine avec sursis, est répugnante dans le cas d'un individu qui ne mérite pas la prison mais qui ne peut tout simplement pas payer. Comme on le verra, le but de l'emprisonnement pour défaut de paiement est d'encourager sérieusement les contrevenants ayant les moyens de payer une amende pour effectuer le paiement. L'incapacité réelle de payer une amende n'est pas un motif valable d'emprisonnement. (R. c. Wu, [2003] 3 RCS 530).

Comme l'a écrit le juge Doherty dans cette affaire en appel : « L'emprisonnement économique, que ce soit en prison ou dans la collectivité, est contraire aux dispositions actuelles de la Code criminel concernant les amendes. (R. c. Wu) au par. 40).

En supprimant le pouvoir discrétionnaire du juge de renoncer à la suramende pour les délinquants indigents, la suramende obligatoire punit et discrimine les indigents. Une personne qui est véritablement incapable de payer la suramende doit faire face au spectre persistant de l'incarcération. Le stress associé au non-paiement est aggravé par une foule de conséquences juridiques et personnelles supplémentaires auxquelles un individu indigent n'espère jamais échapper de manière réaliste. Cela inclut la stigmatisation d'être endetté envers la société mais d'être incapable de rembourser la dette et de faire même le premier pas sur la voie de la réhabilitation. Cela comprend également l'inadmissibilité d'une personne à obtenir un pardon et les effets associés de cette inadmissibilité sur ses perspectives d'emploi, de réadaptation et de réinsertion dans la société.

Une sanction financière obligatoire qui est imposée indépendamment des circonstances financières n'a pas sa place dans un système de justice pénale juste et équitable. Le droit pénal doit être suffisamment souple pour permettre à la magistrature d'élaborer des réponses appropriées et individualisées à la conduite criminelle et pour éviter d'imposer des peines inutilement cruelles et sévères aux personnes vivant dans la pauvreté.

Les avocats dans cette affaire sont Christopher D. Bredt, Pierre N. Gemson et Alannah M. Fotheringham de Borden Ladner Gervais LLP.

Pour une webdiffusion des audiences, Cliquez ici.

Pour le mémoire de l'intervenant de l'ACLC dans l'affaire, Cliquez ici.

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

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