Ottawa, le 6 octobre 2025 — Le gouvernement fédéral a récemment présenté le projet de loi C-9 – Loi modifiant le Code criminel (propagande haineuse, crime haineux et accès à des lieux religieux ou culturels) – dans le but déclaré de renforcer la sécurité des Canadiens. Or, cette proposition législative crée de nouvelles lois criminelles qui risquent plutôt de porter gravement et injustement atteinte aux libertés fondamentales protégées par la Charte canadienne des droits et libertés, incluant en criminalisant certaines manifestations pacifiques.
Aujourd'hui, 37 organismes de la société civile ont signé une lettre conjointe exhortant le gouvernement à faire marche arrière relativement au projet de loi C-9 et à plutôt privilégier des approches communautaires qui protègent les groupes vulnérables sans compromettre les droits et libertés des personnes au Canada.
La nouvelle infraction d'intimidation est définie de manière si large et vague qu'elle pourrait conduire à la suppression d'expressions et de rassemblements pacifiques protégés par la Constitution. Ironiquement, cette nouvelle infraction pourrait empêcher les travailleurs ainsi que les membres de groupes marginalisés de manifester près de leurs propres institutions, privant ces personnes de la possibilité d'exprimer leur désaccord dans des situations où elles sont confrontées à des déséquilibres de pouvoir.
« Le projet de loi C-9 risque de criminaliser certaines manifestations pacifiques près de dizaines de milliers de lieux au Canada », a déclaré Anaïs Bussières McNicoll, directrice du programme des libertés fondamentales à l'Association canadienne des libertés civiles. « Ce faisant, ce projet de loi nuira de manière disproportionnée aux communautés mêmes qu'il prétend protéger. Nous exhortons le gouvernement à faire marche arrière au sujet du projet de loi C-9. »
Les signataires soulignent également que la nouvelle disposition criminalisant la promotion délibérée de la haine par l’exposition publique de certains symboles liés au terrorisme et à la haine ne contient pas de balises claires et efficaces. Telle que rédigée, cette disposition risque de criminaliser des manifestants pacifiques, en partie parce que l'inscription d'organisations sur la liste canadienne des organisations terroristes est un processus qui manque de transparence et offre des voies de recours limitées.
En outre, la suppression de l'exigence de longue date selon laquelle le Procureur général doit consentir au dépôt d’accusations en matière de propagande haineuse élimine un contrôle institutionnel essentiel. Cela augmente le risque d'une application arbitraire, incohérente ou sélective de la loi, en particulier à l'encontre des groupes méritant l'équité qui ont historiquement été soumis à une surveillance et à un contrôle excessifs de leur expression.
En rajoutant aux mécanismes existants sans les ajuster, la nouvelle infraction de crime haineux risque d'entraîner des peines excessives et disproportionnées. Là encore, les préjugés inhérents à l’usage de pouvoir discrétionnaire par les corps policiers sont susceptibles d’entraîner des disparités dans le choix des affaires qui seront investiguées et poursuivies comme crimes haineux, au détriment de certains groupes racialisés et marginalisés.
« Des organismes de la société civile de tous les horizons s'unissent pour exprimer leur profonde inquiétude au sujet du projet de loi C-9 », a déclaré Howard Sapers, directeur général de l'Association canadienne des libertés civiles. « Plusieurs signataires ont la ferme intention de soulever ces questions cruciales auprès des membres du Comité permanent de la justice et des questions juridiques chargé d'étudier ce projet de loi. »
Lire la lettre ICI.
Signataires :
- Association des juristes canadiens arabes
- Association des juristes progressistes du Québec
- Centre d'action juridique pour les Noirs
- Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique
- Association canadienne des libertés civiles
- Congrès du travail du Canada
- Association canadienne des avocats musulmans
- Conseil canadien des affaires publiques musulmanes
- Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO)
- Centre pour la liberté d'expression
- Clinique juridique de Chine et d'Asie du Sud-Est
- Coalition pour la Charte des droits et libertés
- Observatoire de la démocratie
- Etobicoke Sud pour la Palestine
- Horizon Ottawa
- Voix juives indépendantes
- Institut des sciences humaines, Université Simon Fraser
- Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles
- Réseau des professeurs juifs
- Just Peace Advocates/Mouvement pour une paix juste
- Ligue des droits et libertés
- OCASI - Ontario Council of Agencies Serving Immigrants (Conseil ontarien des agences au service des immigrants)
- Médias ouverts
- Pax Christi Toronto
- Progress Toronto
- Section de Saskatoon des Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient
- La science au service des citoyens Canada
- Les seniors pour l'action climatique maintenant !
- Clinique juridique sud-asiatique de l'Ontario
- Spadina-Fort York pour la Palestine
- La coalition canadienne BDS et ses alliés internationaux
- Conseil du travail de Toronto et de la région de York
- Alliance environnementale de Toronto
- Familles palestiniennes de Toronto
- TTCriders
- Fonds d'action et d'éducation juridique pour les femmes
- Professeurs de l'Université de York pour la Palestine
Signataires supplémentaires
38. Amnistie internationale (Canada francophone)
39. Collectif pour la justice communautaire
40. Union juridique de l'Ontario
41. Les Juifs disent non au génocide
42. Réseau uni pour la justice et la paix en Palestine et en Israël (UNJPPI)
À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles
L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.
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