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Le projet de loi C-44 (le «Facture"), qui a été parrainé par le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile (le "Ministre”) Steven Blaney, est maintenant devenu loi. Le projet de loi modifiait principalement la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité (les "Acte»), qui traite du cadre juridique entourant le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). Il y a diverses critiques de ce projet de loi du point de vue des libertés civiles, bien qu'il ait été adopté malgré tout dans le cadre des récentes pressions du gouvernement conservateur pour renforcer le régime de sécurité nationale du Canada.

Étant donné que la section Apprendre de TalkRights présente du contenu produit par des bénévoles de l'ACLC et des entretiens avec des experts dans leurs propres mots, les opinions exprimées ici ne représentent pas nécessairement les propres politiques ou positions de l'ACLC. Pour les publications officielles, les rapports clés, les prises de position, la documentation juridique et les dernières nouvelles sur le travail de l'ACLC consultez la section In Focus de notre site Web.

Qu'y a-t-il dans le projet de loi?

Le projet de loi a apporté trois changements majeurs, de sorte que la loi maintenant :

  • autorise expressément le SCRS à exercer ses fonctions à l'extérieur du Canada;
  • permet à un tribunal de délivrer un mandat autorisant des activités à l'extérieur du Canada, même si cela violerait la loi d'un État étranger; et
  • empêche la divulgation de l'identité des sources humaines du SCRS, sauf dans des circonstances particulières.

Quelles sont les critiques du projet de loi du point de vue des libertés civiles ?

Exécution de tâches à l'extérieur du Canada et mandats enfreignant la loi d'un État étranger

Les critiques du premier et du deuxième changement majeur à la Loi sont liées. Voici les principales critiques de ces deux changements.

(1) Les mécanismes de surveillance et d'examen n'ont pas accompagné l'augmentation significative des pouvoirs du SCRS

C'est peut-être la critique la plus importante du projet de loi. Contrairement aux États-Unis et au Royaume-Uni, les parlementaires au Canada n'ont pas un accès régulier aux informations nécessaires pour savoir comment l'agence d'espionnage du pays fait son travail. De plus, en 2012, le gouvernement a aboli le bureau de l'inspecteur général, qui était chargé de veiller à ce que le ministre demeure adéquatement informé des activités du SCRS. Néanmoins, le projet de loi a ignoré les recommandations visant à accroître la surveillance de plusieurs commissions d'enquête sur les questions de sécurité nationale. La commission Air India, par exemple, a proposé de renforcer le rôle du conseiller à la sécurité nationale au Bureau du Conseil privé pour qu'il agisse en tant qu'organisme intégré de surveillance de la sécurité nationale.

L'organe d'examen actuel du SCRS, le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité (CSARS), n'est pas un organe de surveillance adéquat et a reconnu qu'il « lutte pour fonctionner efficacement ». De plus, de nombreuses actions du SCRS exigent déjà une surveillance accrue. Le SCRS n'a pas systématiquement signalé au ministre les actions sensibles et potentiellement controversées, a manqué à son obligation de franchise dans les procédures judiciaires et n'a pas coopéré de manière appropriée avec le CSARS. Le CSARS a même constaté que le SCRS ne confirme pas correctement la valeur et la fiabilité des renseignements qu'il obtient à l'étranger. Tous ces problèmes soulignent déjà la nécessité d'un examen et d'une surveillance solides. Des pouvoirs supplémentaires ne font que renforcer ce besoin, car ils augmentent le nombre d'activités qui doivent faire l'objet d'un examen.

(2) Partager des renseignements avec des agences étrangères et le Centre de la sécurité des télécommunications Canada et solliciter leur aide (CSE) en opérant à l'étranger peut mettre les Canadiens en danger

Dans l'exercice de ses fonctions à l'extérieur du Canada, y compris l'interception des communications et l'accès aux téléphones cellulaires ou aux ordinateurs de personnes, le SCRS s'appuiera sur l'aide du CST et des agences de renseignement étrangères. La dépendance à l'égard du renseignement étranger exige un partage et une confiance en l'information, ce qui comporte de graves risques et pourrait entraîner des conséquences tragiques pour les Canadiens. Le SCRS peut continuer à confirmer indûment la valeur et la fiabilité des renseignements recueillis à l'étranger ou se fier à des renseignements inexacts de partenaires étrangers. De plus, une fois que le SCRS partage des informations avec un service de renseignement étranger, les pays étrangers peuvent en faire ce qu'ils veulent. Le cas de Maher Arar met en évidence les dangers du partage de l'information pour les Canadiens en des termes particulièrement crus. Cela pourrait même conduire à la complicité du SCRS dans des violations des droits de la personne, comme dans les mauvais traitements infligés à Omar Khadr lors de sa détention à Guantanamo Bay.

(3) Demander aux tribunaux canadiens d'autoriser les violations du droit étranger encourage une conduite réciproque et érode la réputation du Canada de respecter la primauté du droit

Inviter d'autres pays à espionner réciproquement illégalement des résidents canadiens ou des citoyens au Canada pourrait porter atteinte à leur vie privée et à ceux avec qui ils interagissent. Cela pourrait même conduire à la détention ou à l'arrestation lors d'un voyage à l'étranger. De plus, la réputation du Canada de respecter la primauté du droit affecte sa capacité à s'exprimer à l'échelle internationale sur de nombreuses questions et est également importante sur le plan diplomatique.

(4) Le SCRS peut violer les droits garantis par la Charte des Canadiens à l'étranger

La Cour suprême du Canada a expressément conclu que le Charte des droits et libertés ne s'applique pas aux actions des fonctionnaires canadiens dans un autre pays. Cependant, les éléments de preuve obtenus dans le cadre d'une enquête étrangère menée par des fonctionnaires canadiens peuvent toujours être exclus parce que leur utilisation rendrait un procès inéquitable. Il n'est pas clair si la même possibilité d'exclusion s'appliquerait en dehors du contexte criminel à d'autres procédures où les renseignements du SCRS pourraient être utilisés. Quoi qu'il en soit, il est inquiétant que le SCRS ne soit pas tenu de respecter les Charte droits des Canadiens tout en utilisant ses nouveaux pouvoirs pour surveiller à l'étranger.

Protéger les sources humaines du SCRS

La Cour suprême du Canada a explicitement refusé de protéger les informateurs du SCRS avec la même protection d'identité que celle accordée aux sources policières. Le projet de loi a renversé cette décision en interdisant la divulgation de l'identité d'une source humaine du SCRS, sauf (1) si la source et le directeur du SCRS y consentent ou (2) pour établir l'innocence d'un accusé accusé d'une infraction.

Voici des critiques du privilège des indicateurs du SCRS créé par le projet de loi.

(1) La transparence d'une procédure est réduite

Comme l'a noté la Cour suprême du Canada, le gouvernement a tendance à exagérer les allégations de confidentialité en matière de sécurité nationale. Les régimes de sécurité nationale ont tendance à être déjà enclins au secret, mais un privilège de classe encourage le secret réflexif en créant une présomption de confidentialité. Ce secret réflexif exacerbera les problèmes de transparence et de procédure qui accompagnent inévitablement les procédures impliquant la sécurité nationale.

(2) Il incombe à l'individu de faire valoir une exception au privilège

En vertu de l'ancienne approche au cas par cas du privilège relatif aux indicateurs du SCRS, il incombait au gouvernement de justifier la confidentialité dans chaque cas. En vertu de l'approche du privilège collectif nouvellement créée par le projet de loi, c'est à l'individu qu'il incombe de plaider en faveur d'une exception au privilège. Cependant, dans les cas impliquant la sécurité nationale, une grande partie des preuves peuvent déjà être secrètes ou expurgées. Il peut donc être difficile pour l'individu de lutter contre les revendications illégitimes de privilège. De plus, le privilège de l'indicateur ajoute un autre niveau de complexité que l'individu doit naviguer.

(3) L'exception de « l'innocence en jeu » ne s'applique pas aux procédures non pénales

La possibilité de contester le privilège relatif à l'indicateur n'est disponible que si l'instance concerne la poursuite d'une infraction. Cependant, l'utilisation des sources humaines du SCRS ne se limite pas aux poursuites pénales – elles sont également utilisées dans les procédures d'immigration et peuvent jouer un rôle dans la justification de la détention préventive, de la révocation du passeport et de la dépouillement de la citoyenneté. Par conséquent, le projet de loi aurait dû garantir que l'identité d'une source humaine pourrait être divulguée dans tous les cas où la vie, la liberté et la sécurité de la personne sont en jeu.

(4) Le privilège rend plus difficile la poursuite des affaires de terrorisme

Comme l'a noté la commission Air India, le fait d'accorder aux sources humaines du SCRS le privilège de l'indicateur donne en fait à l'indicateur un droit de veto virtuel sur le fait qu'il témoignera ou non. Cela peut rendre difficile, voire impossible, de poursuivre avec succès les affaires de terrorisme.

Il convient de noter que la Cour suprême du Canada a récemment accordé l'autorisation d'en appeler d'une décision de la Cour d'appel fédérale, à la suite de laquelle elle se penchera sur la légalité de l'espionnage à l'étranger par le SCRS. L'analyse ci-dessus sera mise à jour une fois que la décision de la Cour suprême du Canada sera rendue.

Sources et lectures connexes

Projet de loi C-44 : le Loi sur la protection du Canada contre les terroristesen ligne.

Commission d'enquête sur l'enquête sur l'attentat à la bombe contre le vol 182 d'Air India (2006-2010) (président : M. le juge John Major), Vol 182 d'Air India : Une tragédie canadienne, volume trois : La relation entre le renseignement et les preuves et les défis des poursuites pour terrorisme (Ottawa : Travaux publics et Services gouvernementaux, 2010).

Ian McLeod, "Le chien de garde des espions épuisé SIRC se démène pour suivre le SCRS", Citoyen d'Ottawa.

Examen du renseignement de sécurité, Lever le voile du secret : trente ans de responsabilité en matière de renseignement, rapport annuel 2013-2014 (Ottawa : Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, 2014).

R contre Hape, 2007 CSC 26 (CSC).

Canada (Citoyenneté et Immigration) c. Harkat, 2014 CSC 37 (CSC).

"Mémoires de l'ACLC sur les modifications proposées à la Loi sur le SCRS (projet de loi C-44)", CCLA.

"Présentation au Parlement sur le projet de loi C-44 concernant l'élargissement des pouvoirs du SCRS et la création du privilège des informateurs du SCRS", BCCLA.

Kent Roach et Craig Forcese, "Donner une assise juridique plus solide à la surveillance du SCRS", Poste nationale, en ligne.

Justin Ling, "Le nouveau projet de loi antiterroriste", nationale.

Tonda MacCharles, "Un nouveau projet de loi sur les espions permettrait aux agents canadiens d'opérer illégalement à l'étranger", Étoile de Toronto.

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

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