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Un rapport fulgurant publié par les commissaires à la protection de la vie privée du Canada et de la Colombie-Britannique accuse Facebook d'avoir enfreint la loi canadienne à la suite de leur enquête conjointe sur le scandale Cambridge Analytica, puis de refuser de se conformer aux recommandations du commissaire pour s'assurer que cela ne se reproduise plus.

Le commissaire fédéral à la protection de la vie privée Daniel Therrien déclare dans un communiqué de presse que « le cadre de confidentialité de Facebook était vide et que leurs termes vagues étaient si élastiques qu'ils n'avaient pas de sens pour la protection de la vie privée ».

Le rapport constate que :

  • Les « protections et mécanismes de consentement superficiels et inefficaces » de Facebook ont permis à des applications tierces d'accéder de manière inappropriée aux informations de millions d'utilisateurs ;
  • Il y avait un manque de consentement significatif recueilli auprès des utilisateurs de l'application au cœur du scandale Cambridge Analytica, et de leurs amis dont les informations ont été partagées en conséquence ;
  • Facebook n'a pas correctement supervisé la manière dont les applications de sa plate-forme se conformaient aux exigences de confidentialité ;
  • Facebook a fait preuve d'un manque général de responsabilité pour les informations personnelles sous son contrôle.

Les commissaires avertissent qu'« il existe un risque élevé que les renseignements personnels des Canadiens soient utilisés d'une manière qu'ils ne connaissent pas ou qu'ils ne soupçonnent pas, les exposant ainsi à des préjudices potentiels ».

Les deux commissaires sont réclamer une réforme législative, y compris de nouveaux pouvoirs d'exécution, à la lumière du refus de Facebook d'accepter leurs conclusions ou de mettre en œuvre leurs recommandations.

C'est une preuve supplémentaire que les droits à la vie privée ne peuvent pas être protégés de manière adéquate par des recommandations, une conformité volontaire et une coopération organisationnelle - comme Facebook vient de l'illustrer, cela ne fonctionne que jusqu'à ce qu'ils changent d'avis (parce qu'ils ne vont pas changer leur modèle commercial). Il convient également de noter que si Facebook s'était conformé aux recommandations antérieures du OPC en 2009, ils auraient pu éviter complètement l'affaire Cambridge Analytica, mais ils ne l'ont pas fait.

Ce rapport, et la non-réponse de Facebook, mettent en évidence l'asymétrie de pouvoir entre les goliaths de données, nos agences canadiennes de surveillance de la vie privée et nous, les Canadiens. Alors que le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, a battu le tambour de la vie privée ces derniers temps pour tenter de regagner la confiance des utilisateurs de Facebook, face à une série de recommandations concrètes, Facebook a plutôt contesté les conclusions de l'enquête et refusé de s'y conformer. Certes, les recommandations, qui comprenaient la soumission à un audit volontaire de ses politiques et pratiques de confidentialité au cours des 5 prochaines années, étaient complètes et strictes, mais le respect de la loi sur la confidentialité devrait-il, en fait, être les deux ?

Si les gouvernements attendaient plus de preuves de la nécessité de mettre à jour les lois canadiennes sur la protection de la vie privée pour refléter la nouvelle valeur des données, le pouvoir croissant des collecteurs et des agrégateurs de données, et les nouveaux risques – pour les individus et les groupes – de la collecte et de l'analyse de données granulaires et omniprésentes et à utiliser, le voici. Il est temps que nos représentants démocratiquement élus prennent au sérieux les risques pour leurs électeurs, en commençant par intégrer les partis politiques dans un régime de loi sur la protection de la vie privée et en poursuivant la réforme en profondeur de nos lois fédérales sur la protection de la vie privée des secteurs privé et public.

La prochaine étape pour le commissaire fédéral à la protection de la vie privée sera de porter l'affaire devant la Cour fédérale. Et pour faire bonne mesure, ils ont mis leur argent là où leur bouche est par rapport à leurs plaintes et ont supprimé leur page Facebook.

Lire le rapport complet

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

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